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[Exclu TF] : Interview d’Adel Chedli

TF : Quel poste affectionnez-vous le plus (milieu défensif, offensif, axial, sur le coté) ?

AC : Je préfère jouer dans un schéma en 4-4-2 dans l’axe en demi-défensif.

TF : De quelle ville êtes-vous originaire en Tunisie ?

AC : Menzel Kamel à coté de Jammel, Monastir et Sousse

TF : Quels sont vos qualités et vos défauts sur le terrain ?

AC : Mes qualités sont l’endurance et mon esprit de gagneur. Je n’aime pas perdre. Mes faiblesses sont au niveau de ma vitesse. Je ne suis pas comme Santos ou Jaziri qui vont à 2000 km/h. Par contre je peux courir à un très bon rythme et longtemps. J’ai fait des tests en clinique parce qu’il ne comprenait pas comment je faisais pour courir aussi longtemps alors que je n’avais pas de fer dans le sang.

TF : Vous avez quitté Sochaux. Quelles sont les raisons de votre départ ? Quelles ont été les différentes pistes pour quitter le club ? Regrettez-vous votre départ du club ?

AC : Tout d’abord, je ne regrette pas d’avoir quitter le club. Il y a longtemps que je devais quitter le club et la direction du club m’avait empêché de partir. J’étais contacté avant et après la CAN. J’avais de bons contacts avec l’AS Saint-Etienne et le FC Metz. A Metz, je m’étais mis d’accord avec le club, on s’était même arrangé au niveau financier et même au niveau du logement. Puis au dernier moment, Plessis [NDLR: Président de Sochaux] n’a pas voulu me laisser partir à cause notamment de l’affaire Santos qui avait envenimé les choses. Il m’ont mis sur le dos le fait d’avoir « bourrer le crâne » à Santos pour venir jouer avec la Tunisie et il m’en ont beaucoup voulu surtout après la fausse histoire de dopage. Je n’ai pas baissé mon sac parce que dans ma tête c’était sûr que j’allais partir à Metz et ils m’ont empêché de partir. Depuis ce jour-là, je n’ai eu plus aucun contact avec l’entraîneur et le président. C’est dommage parce que l’année où j’ai prolongé à Sochaux, je devais signer à Bordeaux et puis j’étais resté pour l’entraîneur Jean Fernandez qui connaît bien la Tunisie et qui m’aimait bien. Le jour où ils l’ont viré, je n’ai pas apprécié. On était deux ou trois derrière lui et on est allé voir le président pour qu’il reste mais Plessis voulait absolument s’en séparer et puis il nous a mis dans le lot. Depuis ce jour-là, il nous a écarté. D’ailleurs, il ne voulait pas que je fasse le stage à Sousse avec Sochaux mais l’entraîneur voulait absolument que je fasse ce stage. J’ai été sanctionné lors de ses quatre derniers matchs à ne pas jouer mais l’entraîneur m’a quand même fait jouer. Et c’est de là qu’on commencé toutes mes misères à Sochaux. J’ai vécu deux années galères où j’ai fait 15-16 matchs en deux ans alors que je méritais amplement de jouer avec les prestations que je faisais à chaque fois que je jouais et même à l’entraînement où j’étais toujours devant quand il fallait être devant où quand il fallait mettre le pied à l’étrier…. C’est la volonté de Dieu… C’est triste parce que je suis resté sept ans là-bas et je suis parti en mauvais terme. Quand on jouait Sochaux avec Istres, ils mont même interdit de rentrer dans les vestiaires pour saluer mon pote Santos mais je les attend dans trois semaines…

TF : Vous avez aussi fait un essai au Racing Santander où évoluait notamment Mehdi Nafti. Qu’est-ce qui a fait que le transfert a capoté ?

AC : J’étais déjà en contact avec Istres depuis la fin de saison dernière. Mécha Bazdarevic, qui entraînait à Sochaux avant, me voulait pour renforcer son milieu de terrain mais moi je ne voulais pas trop aller à Istres parce que je savais que c’était un petit club qui montait que ça allait être un peu galère. Un soir, il y a Mehdi Nafti qui m’appelle et qui me dit qu’il a discuté avec son directeur sportif, que j’intéressais le Racing Santander et qu’il fallait que je vienne le lendemain. J’ai donc pris un avion, je suis parti à Santander, j’ai vu les dirigeants mais l’entraîneur n’était pas au courant. Donc je suis arrivé là-bas, j’ai fait deux matchs. Entre temps je suis parti avec la sélection pour jouer une mi-temps du match amical contre l’Afrique du Sud puis je suis reparti directement à Santander pour signer. Arrivé là-bas, j’ai vu que l’entraîneur ne me calculait pas. Je suis allé voir la personne qui s’occupait des relations entre le clubs et les joueurs étrangers qui est allé voir à son tour le directeur sportif. J’ai eu une réunion avec eux et ils m’ont dit que le président et le directeur sportif étaient entièrement d’accord pour que je reste là-bas pour que je signe car j’avais fait une forte impression pendant les deux matchs mais l’entraîneur ne voulait pas du tout de moi. D’ailleurs, il ne savait même pas que j’étais venu. Il voulait un joueur qui jouait en réserve au Real Madrid. Il était en contact avec ce joueur mais ils m’ont dit de rester encore quelque temps. J’ai refusé. Il y avait un autre club qui était venu me voir jouer : Levante. C’était aussi un petit club qui venait de monter et j’ai dit non. Je suis finalement rentré chez moi. Bazdarevic m’a encore appelé plusieurs fois et puis c’est la où j’ai donné mon accord car à Sochaux, je ne pouvais plus rester sinon j’allais frapper quelqu’un. Puis, je suis descendu à Istres car j’ai vu qu’il avait fait un bon recrutement.

TF : Comment s’est passée votre intégration à Istres ?

AC : Très bien. Les gars me connaissaient grâce à la CAN et même parce que j’avais déjà joué contre eux avec Saint-Etienne ou Sochaux. Pour eux, j’étais vraiment un renfort et c’est vrai qu’à certain match j’étais mal utilisé et j’ai « chopé » une hépatite qui s’est révélé plus tard mais que j’avais attrapée depuis un bon bout de temps. Cela faisait quatre mois que je l’avais. Avec la période de Ramadan, ça m’a encore plus affaibli, j’étais vraiment pas bon, j’étais faible, j’arrivais pas à avancer et c’est là où ils se sont vraiment posés des questions, si j’étais là pour faire le touriste ou si vraiment je leur en voulais à cause du départ de l’entraîneur. Quand je suis arrivé j’étais très bien accueilli et je sais qu’ils placent beaucoup d’espoir sur moi pour cette fin de saison. Les rapports sont très bons avec les joueurs.

TF : Vous avez été absent des terrains pendant un peu moins d’un mois à cause d’une hépatite A. Est-ce aujourd’hui qu’un mauvais souvenir?

AC : J’ai beaucoup galéré. C’est vrai qu’au début j’étais souvent malade. Des fois, j’arrivais le matin à l’entraînement, j’étais pâle. Ce n’était pas normal. Lorsqu’on a joué à Lens et il restait 10 minutes de jeu et je vomis sur le terrain. Seydou Keïta vient me voir pour me demander si j’allais bien, je lui ai répondu que je n’allais pas bien du tout. A la fin du match, j’avais le visage en feu. J’ai encore vomi dans le bus, j’avais plus de 40°de fièvre et on pensait que j’avais une gastro-entérite. Le lendemain, je me suis réveillé, j’étais tout jaune et je suis allé passer des examens et ils ont vu que j’avais une hépatite. Cela m’a vraiment affaibli, j’ai perdu 5 kilos en 4 jours.En plus, je devais aller en Turquie et j’étais déçu car je voulais aller voir les copains en sélection et jouer. Je suis resté un mois et demi immobile sans rien faire en voyant les copains jouer et c’est ça le plus dur. Je ne pouvais pas sortir, ni courir. J’ai essayé de courir un petit peu mais ce n’était pas possible, je n’arrivais pas à avancer. Maintenant Hamdoullah, c’est un mauvais souvenir… Depuis que j’ai repris, je suis en pleine forme. On dirait que l’hépatite m’a donné encore plus de vitamines…

TF : Istres connaît une saison très difficile et est dernier de L1. Comment l’expliquez-vous et comment le vivez-vous ?

AC : C’est difficile pour un joueur d’être dernier. Toutes les équipes contre qui on a joué nous disent qu’on ne mérite pas d’être à cette place. Quand on voit la qualité de jeu qu’on peut produire à l’extérieur lorsqu’on joue sur des bons terrains et la feuille de match quand on voit l’équipe qui est aligné sur le terrain tous les samedi, c’est quand même beau à voir, il y a des grands noms. Par exemple contre Marseille, on leur a marché dessus et on a produit du bon jeu. On a un petit souci, c’est qu’on ne joue pas sur notre stade, on joue à Nîmes et c’est difficile pour l’équipe de jouer tout le temps à l’extérieur. En fait, on a plus de soucis à jouer chez nous à Nîmes. Ce n’est même pas un terrain de foot. On dirait que tu joues à coté d’un centre commercial. C’est un champ de patate. Même des rugbymen ne pourraient pas jouer dessus. C’est difficile au niveau du mental lorsqu’on est dernier. C’est pire quand tu arrives sur un terrain comme cela et que c’est à toi de faire le jeu. Il y a aussi des occasions comme contre Bordeaux, on a eu 4-5 occasions franches à 3 mètres du but et on ne marque pas. Après sur une erreur de notre défense, ils marquent puis ils ferment la maison et tu perds un à zéro. C’est dommage car on a perdu beaucoup de points sur des matchs qu’on pouvait gagner.

TF : On peut cependant remarquer que l’arrivée du tandem Gravelaine/Gasset a apporté une nouvelle dynamique à l’équipe istréenne. Est-ce que vous croyez toujours au maintien ?

AC : Depuis que je suis dans le foot dans mon quartier ou n’importe où, je n’ai jamais baissé les bras et je sais que c’est très difficile surtout après la défaite contre Bordeaux. On est à 7 points du premier non-relégable et on sait qu’on les reçoit lors du dernier match donc si on compte une victoire contre eux on est à 4 points. On a aussi un meilleur calendrier que Bastia, Ajaccio et Caen. Je sais qu’on peut y arriver car on a une bonne équipe et aussi car il nous reste encore un match à jouer sur ce champ de patates [NDLR : Stade de Nîmes] et on jouera sur le nouveau terrain. Il faut donc faire quasiment un parcours sans faute et prendre 20 points en 10 matchs. Cela va être dur surtout que samedi on va à Lyon. On a notre carte à jouer. C’est vrai que depuis que les deux entraîneurs sont arrivés, il y a beaucoup de joueurs que se sont remis en question parce que je ne suis pas là pour critiquer un tel ou un tel car je n’aime pas ça mais il y en a qui se sont réveillés lorsqu’on a changé d’entraîneur.

TF : Malheureusement en voyant la situation d’Istres, la relégation est à envisager. Qu’allez-vous faire ? Rester avec Istres en L2 ou changer de club ?

AC : Je ne veux pas jouer en deuxième division. J’ai prouvé plusieurs fois que j’ai le niveau pour jouer en première division. Certains entraîneurs que je connais bien contre lesquels j’ai joué cette saison ne comprennent pas ma situation. Pareil pour certains joueurs qui me disent : « Mais qu’est-ce que tu fait là ? ». Des fois, tu n’as pas trop le choix et à cause d’une ou deux personnes, ta carrière peut tourner. Dans ma tête, c’est finir ma saison avec mon club, maintenir mon club en première division… Inchallah. Si on descend en deuxième division, je n’aurais pas atteint mon premier objectif. Mon deuxième objectif est de me relancer car je n’ai pas beaucoup joué l’année dernière, de faire des matchs, de retrouver le niveau qui était le mien et de changer de club. Même au niveau familial, c’est difficile. J’ai ma famille qui ne se plait pas trop ici et pour moi la famille passe avant le foot donc si ma fille n’est pas bien, je ne suis pas bien. Si ma fille est bien, je suis bien. Ma priorité c’est de bien finir la saison, de faire dix bons dernier matchs puis après, si je dois finir ailleurs, je finirai ailleurs, seul Dieu le sait.

TF : On va, tout d’abord, revenir sur votre titre de champion d’Afrique, comment avez-vous vécu cette compétition et cette consécration ?

AC : Avec toutes les galères que j’ai vécues avec mon club et aussi pour pouvoir obtenir le droit de jouer avec la Tunisie, c’était vraiment un soulagement et une très belle récompense pour tous les efforts que j’ai fait pour jouer avec cette équipe. Depuis 1997, lorsque j’étais au centre de formation, on m’a dit que j’avais jusqu’à 18 ans pour pouvoir choisir ma nationalité alors que moi mes parents vivent en Tunisie et moi je suis un pur tunisien. Dans ma tête, dès le début, je voulais jouer avec la Tunisie. Sachant qu’en jeune, à l’époque, la Tunisie ne venait pas me voir jouer, l’équipe de France est venue me voir jouer donc je suis allé jouer en équipe de France. A 18 ans, Kasperczack m’a appelé, je suis allé joué, c’était contre le Sénégal. A la fin du match, je suis allé le voir et je lui ai dit : « Coach, j’ai joué en équipe de France ». Il ne savait pas trop ce qu’il fallait faire. On a préféré me retirer. On est allé jouer pour la qualification en Coupe du Monde 98 contre le Rwanda, je suis resté en tribune parce qu’on aurait pu perdre sur tapis vert. Puis, c’est moi qui ai fait des démarches auprès de la FIFA pendant 4-5 ans, pendant la Coupe du monde en France, pour le Japon, j’ai envoyé des dossier auprès de la FIFA à Zurich… ça personne ne le sait à part mon agent, mais personne au niveau de la FTF ne m’avait aidé. Jusqu’à l’arrivé de Ben Ammar avec Azzedine, un tunisien qui est sur Marseille et ils m’ont aidé à pousser mon dossier et j’ai été qualifié quelques jours avant la CAN. Cela a été un soulagement, j’étais super content. On a pris des risques pour les matchs amicaux que j’avais fait avant d’être qualifié avec la sélection parce que j’aurais pu ne pas être qualifié. C’est pourquoi je remercie Roger Lemerre pour sa confiance pour les matchs de préparation et même pour les matchs lors de la CAN alors que je ne jouais pas en club. Et c’est pour cela que, dans ma tête, mouiller le maillot pour son pays est un honneur. A chaque match avec la Tunisie, ce sera toujours pareil. Si je dois finir le match à quatre pattes, je le finirai. En plus, quand tu gagnes une Coupe d’Afrique, c’est extraordinaire, surtout contre le Maroc. Tout le monde pensait que j’allais passer le match parce que ma femme est marocaine et je n’ai rien laissé passer. La Tunisie, c’est mon pays. Et cela sera pareil pour les éliminatoires. J’espère qu’on va se qualifier et qu’on laissera les marocains derrière nous.

TF : Comment voyez-vous le reste du parcours de notre EN dans les éliminatoires de la CM 2006 ?

AC : Le point d’interrogation est notre match en retard contre le Kenya. J’ai vu leur match contre le Maroc et ce n’était pas le Kenya que j’avais vu contre la Guinée quand ils avaient gagné 2-1. Je pense qu’on a loupé le coche en Guinée où il manquait toute notre défense et notre attaque. On avait pris deux buts « casquette » et on aurait pu concrétiser plusieurs occasions devant mais quand il manque Jaziri et Santos, c’est différent. Ensuite au Maroc où l’on fait un super match, on mène 1-0 et puis sur un coup franc qui ne serait pas rentré si la balle n’était pas déviée, on se prend un but et le match s’est terminé à 1-1. Maintenant avec un match de retard, on est à quatre points. Dans ma tête, je suis assez optimiste, connaissant nos forces et puis sachant qu’on va recevoir la Guinée, le Maroc, le Kenya et le Malawi donc c’est là qu’il faudra faire le plein. C’est faisable. Mais comme pendant la Coupe d’Afrique, il ne faut pas qu’il y en ait un qui se trompe de challenge, il faut que tout le monde soit là et que le public aussi soit avec nous. Ce qui nous a permis de gagner la Coupe d’Afrique, c’est le soutien du pays et du public. Quand tu es joueur et que tu vois le stade plein aux couleurs de ton pays, tu as les tripes et tu ne peux pas ne pas être bon. Quand le stade est plein à Radès, à Sousse ou à Sfax, tu ne peux que gagner. Je suis optimiste car on a une bonne équipe et si on gagne notre match en retard on revient à un point du Maroc, on est second. C’est vrai qu’on voit cinquième car la poule est très serrée. On reçoit le Malawi dans trois semaines quand on sait qu’il y a Maroc-Guinée. Une victoire de notre côté et un petit match nul dans leur match, on se replace. Puis une victoire contre le Kenya, on s’empare de la tête du groupe. On reçoit les deux gros. Une victoire contre la Guinée puis on se refait une deuxième finale en octobre contre le Maroc.

TF : L’ambiance au sein de l’équipe nationale est-elle bonne ? Quels sont les joueurs avec lesquels vous avez le plus d’affinités au sein de l’EN ?

AC : Il y a une super bonne ambiance. Même quand il y a des absences, les remplaçants se donnent à fond. Les rapports sont très bons entre les joueurs évoluant en Tunisie et ceux qui évoluent en Europe. Concernant la personne avec qui je m’entends le mieux je n’ai pas de préférence. Je m’entends bien avec tout le monde que ce soit avec des joueurs qui jouaient en Tunisie à l’époque Ayari, Haggui, Saïdi ou avec des joueurs qui évoluent en Europe Yahia, Nafti, Clayton, Jaïdi… Le courant passe avec tout le monde… Selliti quand il était là, Jedidi… Je m’entendais super bien avec tout le monde, je n’ai pas de préférence particulière.

TF : Quels sont aujourd’hui les vrais patrons de l’EN, les joueurs qui ont une grande influence ?

AC : En général, dans une équipe, on fait plus confiance aux joueurs les plus âgés. Quand il y avait un message à faire passer, on allait souvent voir Ali Boumnijel, Khaled Badra ou Riadh Bouazizi ou Radhi Jaïdi car ce sont les plus anciens et les plus respectés. Dans le groupe le respect des anciens est très important. Dans toutes les sélections c’est comme ça, il y a toujours deux-trois cadres. Comme dans la sélection du Maroc par exemple, un joueur comme Naybet.

TF : Que pensez-vous du public tunisien ? Comment ressentez-vous le fait de jouer dans des stades (à part lors des chocs) quasi-vides ?

AC : Pendant la CAN, les stades étaient pleins et cela transforme un joueur. Après la CAN, on joue la Côte-d’Ivoire qui est, selon moi, une grosse nation d’Afrique, il n’y avait que 5000 personnes. On se pose forcément des questions. On se demande si l’équipe nationale plait ou ne plait pas, si le public vit vraiment pour le foot comme pour le hand. J’ai suivi le championnat du monde de Hand. Ici tous les français me disaient que le public tunisien est extraordinaire notamment par l’ambiance qu’ils ont mise dans les tribunes. A la télé, quand il y avait des gros plans, j’ai même reconnu des supporters qui étaient là pendant la CAN. Après concernant les matchs amicaux, la FTF nous a fait jouer des matchs à Sfax parce que Radès est un stade qui contient 60000 places et on y joue devant 5000 spectateurs. C’est comme si on faisait un match d’entraînement. C’est difficile pour un joueur de jouer dans un stade comme ça quand tu n’as pas le soutien de ton public. Aujourd’hui, si j’ai un appel à faire, c’est que notre public nous fasse confiance et qu’il vienne nous aider. Je vais encore prendre l’exemple du Maroc. J’ai vu leur match à la télé et leur stade était plein. J’ai aussi visité votre site. Contre le Malawi, il y a des gens qui disent qu’il y aura 50000 personnes, d’autres 5000. Moi je suis plus du coté de ceux qui disent qu’il y aura 5000 personnes, c’est difficile à dire. En Tunisie, il faut qu’il y ait un gros match pour que les personnes viennent. C’est dommage parce que lorsque tu soutiens ton équipe, il faut être là jusqu’au bout. Bon c’est vrai qu’il y a aussi d’autres facteurs à prendre en compte. Par exemple je ne comprends pas pourquoi on joue nos matchs à 9 heure du soir. La CAF met des horaires incompréhensibles. Surtout que Radès est un stade qui est à l’extérieur de Tunis, loin de Sousse, loin de Monastir… En plus, c’est vrai que le niveau de vie en Tunisie n’est pas le même qu’en France au niveau du pouvoir d’achat. Peut-être qu’en baissant les prix, il y aurait plus de monde. Donc c’est un tout qui fait qu’aujourd’hui quand on joue, il n’y a pas beaucoup de monde. Ceci dit, on a vraiment besoin du public pour ces derniers matchs et je sais qu’il y aura un coup à prévoir.

TF : On dit que c’est vous qui avez réussi à influencer Santos à rejoindre notre Equipe Nationale. Est-ce vrai ? Si oui, comment vous vous-y êtes pris ?

AC : On a joué un match à Bordeaux. Santos vient me voir à la fin du match, on était content, il avait marqué, on avait gagné 2-0 et il me dit : « Adel je veux jouer en sélection ». Je lui dis : « Tu plaisantes ? ». Il me répond : « Non, tu sais bien que j’adore la Tunisie, j’ai joué en Tunisie, ma femme aime la Tunisie, mon fils est né en Tunisie et j’aimerais beaucoup porter le maillot de la Tunisie ». Je lui dis : « Tu ne rigoles pas ? ». Il me répond que non. Après lors de je ne sais plus quel match, je leur ai transmis le message de Santos. Je leur ai dis que Santos voulait jouer pour l’EN. Voilà ce que j’ai fait uniquement. J’ai juste passé le message que Santos m’avait donné aux dirigeants de la sélection. Après à Sochaux on m’a accusé de lui avoir bourré le crâne pour jouer avec nous. Ils ont créé des histoires avec le Brésil, etc. Et ils lui ont fait payé après. Maintenant, tant mieux pour la Tunisie, il a été un très bon renfort pour nous, il a terminé meilleur buteur de la CAN…

TF : Vous avez été le premier tunisien à avoir bénéficié de la nouvelle loi de la FIFA concernant les double-nationalité et à avoir montrer un grand intérêt à notre EN. Comment expliquez-vous que des joueurs comme Chaouki Ben Saada (Bastia), Hatem Ben Arfa (Lyon) ou encore Nabil Taïder (Toulouse) hésitent à rejoindre notre EN ?

AC : Je ne sais pas ce qu’il se passe dans leur tête. Je ne sais pas si c’est leur entourage qui leur dit de ne pas venir ou peut-être que c’est au niveau des dirigeants parce que je sais que des clubs font beaucoup de pression, surtout quand c’est des grands espoirs comme Ben Arfa. Moi à l’équipe quand j’étais à Saint-Etienne, il y avait Pape Saar qui était à l’époque un super joueur, un des meilleurs milieu défensif du championnat, il avait 18-19 ans et il voulait jouer pour le Sénégal. Les dirigeants lui ont mis la pression et lui ont dit que s’il jouait pour le Sénégal, il ne jouerait plus en club et qu’il fallait absolument qu’il joue en équipe de France qui le voulait. Il est parti en équipe de France [NDLR : Pape Saar est aujourd’hui international sénégalais]. Concernant Ben Saada, selon des rumeurs que j’ai eues, c’est son club qui lui met la pression pour ne pas jouer avec la Tunisie. La porte n’est pas fermée puisque d’après d’autres rumeurs que j’ai eues il a vraiment envie de jouer avec la Tunisie. J’ai d’ailleurs discuté avec sa maman. Concernant Taïder, il a préféré jouer en équipe de France espoir. C’est une question de mentalité. Si tu penses que tu as le niveau pour jouer en équipe de France, tu prends un risque. C’est dommage… parce que les français ne se gênent pas, quand tu es en centre de formation, pour te titiller et quelque part ils te volent ta nationalité en t’envoyant en équipe de France alors que tu ne sais rien. Quand tu nais tunisien, algérien ou marocain, je pense personnellement qu’il faut que tu joues pour ton pays. Après, je ne suis pas dans leur tête. S’ils veulent jouer pour nous, tant mieux pour nous, Marhbe bihom. S’ils ne veulent pas, bonne chance pour eux.

TF : Concernant la Coupe des Confédérations cet été en Allemagne, quelle importance accorde le staff à cette épreuve et quel y sera l’objectif ?

AC : L’objectif est de ne pas être ridicule. En général, quand on va dans une grande compétition internationale, l’objectif c’est de faire honneur à son drapeau. On sait que 15 jours avant, on a deux matchs très importants contre la Guinée et le Botswana qui, pour moi, sont plus importants que la Coupe des Confédérations. On ira cependant là-bas pour jouer sérieusement. On rencontrera l’Argentine et l’Allemagne, deux grosses nations, des joueurs qui font partie des meilleurs joueurs au monde et c’est super bien.

TF : Quel club tunisien supportez-vous?

AC : L’Etoile Sportive du Sahel.

TF : Envisagez-vous d’aller jouer dans un club tunisien un de ces jours ?

AC : Oui, j’ai toujours dit que je viendrai jouer en Tunisie parce que je le dois pour mon pays et pour mes parents. J’irai faire découvrir mon pays, pas simplement pour des vacances, à ma femme et à mes enfants. J’ai eu aussi des contacts avec des clubs tunisiens depuis deux ans.

TF : Suivez-vous le championnat tunisien, que pensez-vous du niveau ?

AC : Les dimanches après-midi, je regarde le match qui passe à la télé. Dernièrement j’ai regardé avec Brahim Thiam [NDLR : International malien, coéquipier d’Adel Chedli] CA-CSS et j’ai trouvé que c’était un super match. Le niveau du championnat est bon et ça fait plaisir de voir qu’il y a des équipes qui ont dépassé l’EST, avec tout le respect que j’ai pour le club, mais c’était un peu lassant de les voir gagner le championnat chaque année. Cela prouve que le niveau a augmenté et ça m’incite à venir y jouer. Il y a des super matchs, des super ambiances, des supporters super dans les grands clubs. Après c’est comme en France, il y a les petits clubs. J’étais voir ASM-ESS l’année dernière. Ils jouaient sur un champ de patates mais il y avait toujours cette ambiance et c’est ça que j’aime en Tunisie.

TF : Quel est le club de vos rêves?

AC : J’aime bien le Real, la Juve, le Barça mais c’est le Real en numéro 1 !

TF : Quels sont les joueurs tunisiens et étrangers qui vous impressionnent le plus ?

AC : Pour les tunisiens, c’est Hatem Trabelsi. Même aujourd’hui, tout le monde me parle de lui. Je l’ai d’ailleurs vu jouer contre Auxerre. C’est dommage parce qu’il a été diminué pendant la CAN. Mais pour moi, c’est le meilleur latéral droit du monde. Il a dépassé les Cafu et les autres. Pour les étrangers, c’est Ronnie. C’est un phénomène, il est extraordinaire. Quand tu penses qu’il a été remplaçant au PSG, c’est là que tu te dis qu’il y a vraiment des tocards comme entraîneur. J’aime beaucoup Jay-Jay Okocha, Roberto Carlos. A mon poste j’ai beaucoup aimé Redondo quand il jouait au Real. J’avais les yeux grands ouverts devant lui.

TF : Un dernier mot pour les TFistes ?

AC : J’ai eu la chance de tomber sur votre site et depuis notre dernière conversation [NDLR : Avec Gahwa], j’y suis tous les jours parce que ça fait plaisir que les gens s’intéressent comme ça au foot tunisien et puis chacun peut dire ce qu’il pense. Des fois, ça peut faire mal. J’ai entendu que j’étais nul, d’autres disent que je suis bon… C’est bien : il y a la liberté d’expression et je trouve ça super. C’est un site qui est super bien fait. Et des fois, je suis bouche bée de voir que vous connaissez des nouvelles avant la presse. Il y a des trucs que j’ai vu sur votre site et que j’ai vu le lendemain dans la presse en France. Je leur souhaite aussi bonne chance parce qu’ils font partie de notre équipe. Ils sont le douzième homme. Pour la qualification, j’espère qu’ils vont nous aider. Longue vie au site Tunisie-Foot et à tous les tunisiens et Inchallah qu’on leur rapportera que du bonheur.

Tunisie-Foot

Je suis un automate. Je sers notamment dans les migrations techniques du site Tunisie-Foot. Ne cherchez pas à me contacter, je ne sais pas répondre :-)

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