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[Exclu TF] : Interview de Jamel Saïhi

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Qualification pour la CAN oblige, la rédaction de Tunisie Foot a souhaité interroger l’un des cadres de notre Equipe Nationale.

Qui de mieux alors que Jamel Saihi pour se confier à nos micros ?

Le milieu de terrain héraultais, tout juste de retour en sélection, raconte à nos lecteurs aussi bien ses ressentis concernant la qualification, son retour en sélection, ses coéquipiers mais aussi ses analyses quant à Leekens et son avenir en club.

 

  •  Tout d’abord, félicitations pour cette qualification ! Après une longue absence à la suite d’une grave blessure, ton retour coïncide avec la validation du ticket pour la CAN. Comment l’as-tu vécu ?

Je l’ai vécu avec beaucoup de fierté et de satisfaction. Je savais que le coach comptait sur moi. Je n’ai malheureusement pas pu revenir plus tôt, car j’avais besoin d’enchainer les matchs afin de revenir en bonne condition physique.

J’ai eu la chance d’être appelé pour les deux dernières rencontres et d’y participer.

Il faut féliciter tous les joueurs et tout le groupe et j’espère qu’on ira la plus loin possible dans cette compétition inchallah.

 

  • Quel a été l’apport de Georges Leekens par rapport aux anciens sélectionneurs ?

Je trouve qu’il a apporté une certaine stabilité et une forme de cohérence dans le groupe, même si les précédents sélectionneurs ont tous fait de leur mieux pour porter l’équipe au plus haut.

Leekens a eu en quelques mois, des résultats positifs et un bilan satisfaisant.

Pourvu que ça dure et à nous de tout faire sur le terrain pour continuer sur cette lancée.

 

  • À travers le dernier stage auquel tu as pris part, peux-tu nous dire comment est Georges Leekens au quotidien ?

Il est assez chambreur et cool mais il sait faire la part des choses entre le travail et les moments de décompression. Cela met une bonne ambiance et de la bonne humeur dans le groupe.

La presse lui reproche un jeu trop défensif. Qu’en penses-tu ?

Le sélectionneur s’adapte à son effectif. En sélection nous avons une équipe très forte défensivement, très solidaire, et adepte du contre.

Pour le moment c’est payant.

C’est vrai qu’au niveau du jeu on peut relativement mieux faire, mais il faut lui laisser du temps. Cela fait seulement quelques mois qu’il est à la tête de la sélection, il ne faut pas l’oublier.

 

  • Contre l’Égypte, il avait précisé à la presse qu’il voulait proposer du jeu. Quelles ont été ses consignes sur la construction ou le schéma tactique ?

Il n’y a pas eu besoin de consignes particulières, car on a tous senti qu’il fallait faire quelque chose au niveau du jeu, pour proposer mieux que face au Botswana.

Certes, il y a eu le résultat, mais c’est vrai qu’il a manqué quelque chose. Surement un peu d’enthousiasme, de qualité dans l’animation offensive.

Le coach nous a tout de même demandé de nous libérer, de prendre du plaisir, d’autant plus que nous avons les joueurs pour, notamment avec Chikhaoui et Khazri.

Après c’est sûr que les terrains en Afrique ne nous arrangent pas pour proposer du jeu. Joueurs comme sélectionneur nous devons nous adapter. Il faudra peut-être un peu de temps pour trouver des automatismes sous ces conditions.

 

  • Penses-tu que la culture de jeu africaine et les terrains difficiles ont contraint Leekens à adapter son style de jeu par rapport à cet environnement ?

Leekens s’est bien adapté au football africain. Rencontrer les mêmes équipes sur un billard en Europe, changerait sans doute complètement les physionomies de matchs.

Il faut reconnaitre qu’on ne prend pas énormément de plaisir à jouer sur des terrains parfois à la limite du praticable, le tout, sous une chaleur étouffante.

 

  • La Tunisie se retrouve dans le Groupe B avec la Zambie, le Cap-Vert et la RD Congo. Quels sont vos objectifs pour cette CAN ? Comment évalues-tu les chances de notre sélection ?

Au vu du dernier classement FIFA, on se doit dans un premier temps de passer ce premier tour.

Ensuite dans un second temps, l’objectif est de faire partie du dernier carré et pourquoi pas de remporter le trophée. Je pense qu’on a les joueurs et le staff pour aller chercher la victoire finale.

 

  • As-tu un favori pour la prochaine CAN ?

Si j’y participe, je vais forcément dire la Tunisie (rires).

Sinon il y a l’Algérie par rapport à ce qu’elle a montré et le Sénégal que je trouve très costaud. Ce sont mes deux favoris, mais j’espère que l’on va aller au bout inchallah.

 

  • Un mot sur l’ambiance au sein de l’EN. Quels sont les joueurs avec qui tu es le plus proche ?

L’ambiance est très bonne. Cela faisait un bon moment que je n’avais pas mis les pieds en équipe nationale. Je m’y sens très bien que ce soit avec les expatriés ou les locaux.

Je suis proche de Mikari, Ragued, Mohsni, S.Ben Youssef et Khazri entre autres. Il y a une bonne ambiance en général.

 

  • Récemment Sami Allagui a souhaité prendre sa retraite internationale. Anis Ben Hatira, lui aussi joueur germano-tunisien, n’est pas apparu ces derniers temps en EN. Le mariage entre locaux, expatriés francophones et germanophones est-il plutôt un succès ou un échec ? Peut-on trouver des soucis d’intégration chez certains ?

Non, je pense que si Sami a pris cette décision, c’est surement en accord avec son club, par rapport à son temps de jeu ou peut-être à cause de problèmes personnels.

Il n’y a vraiment aucun souci d’intégration. Les joueurs d’origine allemande se sont très bien intégrés. Ils ont participé à pas mal de matchs en sélection sans aucun problème.

Je pense que c’est uniquement un choix personnel de sa part.

 

  • Question délicate : quelle place tient la religion dans le vestiaire de la sélection ?

La religion tient une place importante. Après chacun s’occupe personnellement de sa croyance. Mais il y a des prières collectives avant chaque début de rencontre afin que Dieu nous aide dans nos matchs.

 

  • Quels sont les joueurs qui t’impressionnent le plus en sélection ?

Il y a une bonne homogénéité et de très bons joueurs tunisiens qu’on ne connaît pas ou très peu. Ils pourraient réussir en Europe, je pense.

Il y a plusieurs profils : un joueur confirmé qui a été gêné par pas mal de pépins physiques malheureusement, je pense ici à Chikhaoui.

Il y a de bons joueurs comme Fakhredine Ben Youssef qui a fait une saison remarquable, ou encore Ferjani Sassi, un grand espoir. Nous avons de très bons joueurs sur le plan technique, mais aussi un bon vivier à exploiter à l’avenir.

 

  • On sentait une certaine réticence des anciens sélectionneurs à choisir des jeunes binationaux. Aujourd’hui, de plus en plus d’expatriés sont convoqués en EN A ou junior, qu’en penses-tu ?

Je pense que c’est bon pour l’avenir. Même si nous ne sommes pas nés en Tunisie, nous y avons tout de même nos origines et c’est important pour nous de jouer pour notre sélection. Si on fait appel à nous, c’est que nous avons les qualités pour apporter un plus à l’équipe.

Je suis pour que les binationaux soient plus présents. Les précédents sélectionneurs ont fait leurs choix et ont parfois préféré se passer de certains d’entre nous.

Pour l’avenir, et pour garantir un peu plus à la sélection des résultats positifs, je pense que faire appel à des joueurs d’expérience évoluant dans des championnats européens est une bonne chose.

 

  • Peux-tu nous présenter Elyes Skhiri, jeune binational qui évolue avec toi à Montpellier  et sélectionné avec les Olympiques?

C’est un très bon petit, très à l’écoute. Il joue au poste de milieu de terrain défensif un peu dans mon registre.

C’est un joueur athlétique, très bon défensivement et à l’aise techniquement. C’est sans doute un joueur d’avenir, mais qui est encore jeune. Il faut lui laisser du temps. Il n’a pas encore joué en équipe première, mais il « tape à la porte » comme on dit.

 

  • À contrario, quels sont les joueurs locaux évoluant en Tunisie qui mériteraient une belle carrière en Europe ?

Il y en a beaucoup. Les latéraux qui jouent actuellement en sélection me plaisent, comme Hamza Mathlouthi par exemple.

Il y a aussi Ferjani Sassi qui fait de belles choses et qui pourrait avoir sa chance en Europe très prochainement. Fakhredine Ben Youssef également, sans oublier certains joueurs en olympique qu’on ne connait pas ou très peu et qui sont aux portes de la sélection A.

On a la chance d’avoir de très bons joueurs que ce soit à Sfax, à l’Espérance ou au Club Africain pouvant prétendre à jouer en Europe un jour.

 

  • En plus d’être un cadre de l’Équipe Nationale, tu fais partie des piliers au sein de l’équipe de Montpellier. Quels sont tes objectifs pour cette deuxième partie de saison ?

Mon objectif principal est de faire un maximum de matchs et de bonnes performances avec mon club et de terminer le plus haut possible d’un point de vue collectif. Sur le plan personnel, finir cette saison sans pépins physiques serait une très bonne chose.

 

  • Sur le plan physique, comment te sens-tu ?

De mieux en mieux. Normalement je devrais me sentir encore mieux dans les prochaines semaines, je ne me fais pas de soucis à ce sujet.

J’ai de bonnes sensations, j’ai pu bien récupérer.

J’ai également la chance d’avoir un coach qui est assez prudent avec moi, car il compte sur moi pour l’avenir.

Maintenant c’est à moi de me montrer patient.

 

  • Rolland Courbis attend beaucoup de ton retour au sein du milieu de terrain héraultais, quelle est ta préférence ? Plutôt en 6 en tant que sentinelle devant la défense ou plutôt en tant que relayeur, un cran plus haut sur le terrain ?

J’ai fait ma formation et j’ai évolué le plus souvent en poste de sentinelle durant ma carrière. Je m’y sens bien parce que j’anticipe bien, je sens bien les coups et cela me permet de protéger ma défense.

J’ai aussi une bonne qualité technique qui me permet de sortir les ballons proprement et de pouvoir évoluer un cran au-dessus en tant que relayeur si besoin. Bien sûr, on ne peut pas me demander d’inscrire 10-15 buts ou faire 15 passes décisives par saison. Ce n’est pas mon registre, même si de temps en temps cela peut m’arriver de me montrer décisif offensivement.

 

  • Enfin, mercato oblige, as-tu des envies d’ailleurs à court ou long terme ?

Pour le moment, il me reste 2 ans et demi de contrat. Je serais en fin de contrat en 2017. Je me sens bien à Montpellier.

Sur le plan personnel et à l’heure actuelle, le plus important est de pouvoir enchainer des rencontres et de bonnes performances. Ce sont ces matchs-là qui vont faire en sorte de pouvoir viser plus haut ou pas.

Par la suite si j’ai une opportunité, peut-être qu’une expérience à l’étranger ou dans un autre club en France m’intéressera, mais bon pour le moment je suis bien à Montpellier et la question ne se pose pas.

 

  • Si tu devais partir, quels sont les championnats qui t’attirent ?

Il y a le championnat espagnol que j’aime beaucoup, très technique et qui reste le championnat numéro 1, il n’y a qu’à voir le Barça, le Real et les autres équipes de la Liga. Sinon le championnat anglais pour son intensité et sa passion, le championnat allemand avec les supporteurs et le beau jeu ou encore le Calcio avec de grandes équipes sont forcément attirants. J’ai néanmoins une petite préférence pour l’Espagne.

 

  • C’est peut-être du domaine de la science-fiction, mais si tu devais avoir une expérience en Tunisie un jour, quel serait le club qui te ferait plaisir ?

J’ai des compatriotes et des amis qui évoluent en Tunisie donc je me renseigne un peu avec eux, mais pour le moment je me focalise sur ma carrière en Europe. La Tunisie pourquoi pas, mais ce n’est pas à l’ordre du jour.

 

  • Merci pour ta disponibilité et on te souhaite la même frappe que face aux Pays-Bas en finale de la CAN.

(Rires) Merci à vous !

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Interview réalisée par Moeze, Skander et Gahwa

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