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[Exclu TF] : Montasser Louhichi, directeur sportif du Club Africain

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​Avec la fin de la phase aller de Ligue Professionnelle 1, Tunisie Foot a trouvé judicieux de faire le bilan du leader, le Club Africain. C’est avec gentillesse que le directeur sportif, Montasser Louhichi, nous a parlé de son club de cœur. Le Leonardo du Club Africain a évoqué des sujet tels que son parcours au CA, son rôle au sein du club, ses objectifs, le mercato, la LP1 et l’Équipe Nationale. L’homme était aussi pertinent devant nos micros qu’il le fut sous la lumière des caméras de télévisions. Il a répondu franchement et généreusement à nos questions.

Bonne Lecture.

« Moi je suis là pour du long terme »

Bonjour Monsieur Louhichi, pouvez-vous vous présenter aux lecteurs qui ne vous connaissent pas encore et résumer votre carrière ?
En fait, je suis technicien titulaire du diplôme de licence CAF-A qui est le plus haut diplôme d’entraineur en Afrique. Je n’ai travaillé qu’au Club Africain. J’ai commencé en 2003 en passant par toutes les catégories jeunes. J’étais responsable du centre de formation, coordinateur technique, entraineur des équipes de jeunes. J’ai endossé le rôle d’assistant de directeur technique puis directeur technique. J’étais responsable du recrutement, adjoint du directeur sportif puis directeur sportif en travaillant avec les Pros. Là, je suis Directeur Sportif du Club Africain depuis neuf mois. Sur 11 ans, de 2003 jusqu’à aujourd’hui, j’ai fait deux passages à la Télé. La première fois pendant 7 à 8 mois et la deuxième fois pour un peu plus d’un an où j’étais consultant télé sur la première chaine nationale.

D’abord adjoint, puis directeur sportif ce qui témoigne de la confiance que vous accorde Slim Riahi. À votre avis, qu’est-ce qui a convaincu le président de vous donner les rênes du club ?
Je pense qu’il faut poser la question plutôt au président. A mon avis ce qui l’a convaincu ce sont plusieurs paramètres.
1° : Je suis un enfant du Club
2° : Je connais très très bien le Club
3° : Ce sont certainement mes compétences.
Il a dû juger que j’ai ces compétences pour occuper ce poste-là.
J’ai commencé au début par vous dire que je suis à la base un entraineur ayant le plus haut diplôme qui existe en Afrique. Pour être directeur sportif, il faut être un stratège aussi parce que cela relève de la stratégie, de la négociation. Il faut avoir certaines qualités pour pouvoir négocier et discuter avec les gens. Il faut avoir un carnet d’adresses et un réseau pour pouvoir faire du recrutement ou accomplir certaines choses.
Peut-être aussi le passage à la télévision. Quand j’étais consultant pendant plus d’un an, je faisais des analyses de match, j’ai fait chaque semaine de la 3D à la télé. J’étais un peu suivi par toute la Tunisie et il y a même eu un appel de la part des supporteurs du Club Africain que je remercie d’ailleurs. Ils m’ont témoigné de la confiance et certains ont appelé à mon arrivée à ce poste-là. Même aujourd’hui après certaines défaites ils continuent de me témoigner leur confiance. Moi je suis là pour du long terme, pour du stratégique, pour mettre des choses au club.

Le directeur sportif change relativement d’attribution en fonction des clubs. Quel est votre rôle exactement au Club Africain ?
Mon rôle c’est comme tout directeur sportif dans un club. Comme l’a été par exemple Leonardo au PSG, c’est de définir la politique sportive du club. Définir les objectifs à atteindre et mettre les moyens pour atteindre ces objectifs. Au club, il y a un projet éducatif, un projet social et un projet sportif. Il faut mettre les trois en place. Cela passe par les choix de l’encadrement technique du club à savoir l’entraineur et le staff de l’équipe première, les joueurs de l’équipe première, la direction technique des jeunes avec qui on coordonne pour mettre en place un encadrement au niveau des jeunes.
On développe ensuite une stratégie au niveau du club et des Pros. On essaye de faire la coordination entre les jeunes et les Pros.
J’ai mis en place une cellule de visionnage et d’observation avec un matériel acheté en Europe. On a mis en place une cellule de recrutement. Il y a des gens qui travaillent avec moi sur les Pros et il y en a d’autres qui travaillent sur les jeunes.
Ce sont des structures qui permettent de faire des recrutements bénéfiques pour le club, de réduire la masse salariale.

Comment travaillez-vous avec le président et avec l’entraineur, Monsieur Sanchez ? Quelle est la nature de vos relations avec ces deux protagonistes ?
Quand vous êtes directeur sportif, c’est que vous êtes l’homme de confiance du président sur le volet sportif. Dans tout club, il y a un volet administratif et un volet sportif. Je m’occupe du volet sportif et d’autres personnes se chargent du volet administratif. Le président me fait totalement confiance. Je fais mes démarches, je travaille. Ensuite, c’est lui qui valide mes choix, c’est sûr. Que ça soit pour le choix de l’entraineur en début de saison, pour les recrutements, pour des décisions stratégiques, c’est lui qui valide tout. Mais, c’est moi qui fais les choix et les assume. Je suis là aussi pour contrôler le fonctionnement du club sur le plan sportif. Le fonctionnement de l’équipe première ainsi que les jeunes. C’est moi qui dois suivre la progression de l’équipe et des résultats sportifs. Je fais aussi la programmation et la planification. L’entraineur se focalise sur le court terme, le match de la semaine, il prépare son équipe, il est sur le terrain. Le club, directeur sportif en tête, doit travailler sur du moyen et du long terme. Par exemple aujourd’hui on est en train de travailler sur la préparation de l’année prochaine sur des joueurs ciblés. On a déjà travaillé sur le mercato d’hiver, sur la préparation qu’on va faire pendant la CAN, sur les matchs amicaux. On se projette plus vers l’avenir. L’idée est surtout de décharger le coach et son staff de ce qui se passe au niveau stratégique pour le club.

Avec le coach, ça se passe très bien. C’est lui qui fait les entrainements avec son staff, c’est lui qui fait l’équipe. Or moi j’ai un regard sur ça, je peux discuter avec lui, on collabore.
Dans tous les organigrammes, il y a deux types de relation : ou verticale ou horizontale. Avec Daniel Sanchez on est plus dans une relation horizontale, on s’entend très bien. On discute, c’est lui l’entraineur, c’est lui qui fait les choix et décide des joueurs. Mais on est en collaboration, on travaille ensemble. Sur le recrutement aussi, il peut donner son avis en tant que premier responsable de l’équipe première, mais après il y a des choix de club. C’est un travail collégial. Moi je suis l’équipe première, je suis tous les jours avec eux. On fait des réunions hebdomadaires, on discute. Le coach, le staff et moi-même nous définissons les profils et les besoins de l’équipe première. À moi de faire par la suite des prospections, de contacter des gens. Il y a des agents qui me contactent pour me proposer des joueurs parce que je fais la détection avec la cellule de recrutement d’un, deux ou trois profils après on discute avec le coach, on prend son avis et on prend la décision. Mais il y a des décisions qui sont prises par le Club.

La collaboration est aussi avec le directeur technique des jeunes, quelqu’un qui est une référence en France. Jean-Luc Ruty a travaillé à Toulouse, à Sochaux où il a passé neuf ans. Je collabore avec lui aussi pour déterminer le profil du joueur qui peut aller en Pro plus tard. Donc il y a certains postes où on ne fera pas de recrutement parce que nous avons des jeunes qui sont prometteurs et qui peuvent passer en équipe première dans un an ou deux. Et c’est ce qu’on a fait en matière de recrutement cet été. On a recruté pour un objectif immédiat, des joueurs capables de donner le plus tout de suite comme le gardien international Farouk Ben Mustapha, comme Mikari, Nater, Tijani Belaïd, Hichem Belkaroui, Saber Khlifa. Ce sont des joueurs qui donnent tout de suite un retour sur investissement. Mais on a aussi recruté des jeunes qui vont être la relève. Ils seront le futur du club. Certains par exemple ont déjà joué. Il y en a d’autres qui n’ont pas eu beaucoup d’opportunités, mais je pense qu’à l’avenir ils seront des cadres de l’équipe. Des mecs comme Khaled de Kairouan ou Mansour de Gabès, des joueurs très prometteurs.

Et avec les joueurs ?
Je suis tous les jours avec eux. Je suis à tous les entrainements, avant et après. Il y a des joueurs que j’ai entrainés quand ils étaient dans les catégories jeunes que je connais très bien : Bilel Iffa, Oussama, Hamza Agrebi. Les autres, ou je les connais grâce à mon expérience passée et que j’ai croisé ou que je les ai recrutés. J’ai eu le temps de discuter avec eux. Je considère que le contact est très important avant même de les recruter. Je me renseigne sur la mentalité du joueur, sur son état d’esprit. Cette relation qu’on a mise en place avant même de signer un contrat est une relation de confiance. C’est pour ça aujourd’hui les joueurs qui sont là me font confiance.

Quels sont les joueurs dont vous vous sentez le plus proche ?
Je suis proche de tous les joueurs. Peut-être que j’ai des affinités avec des joueurs comme Oussama Haddadi que j’ai entrainé, ou Bilel que je connais depuis très longtemps au club ou Dhaouadi que je connais aussi. Même les nouveaux joueurs. Un mec comme Stéphane Nater par exemple ou Saber Khlifa qui a des qualités humaines exceptionnelles. Il a un cœur gros comme ça. Pour moi, c’est un exemple. Après il y a d’autres joueurs.

« On va tout faire pour gagner le championnat…si on va en Champion’s League c’est pour aller la chercher »

Quel est votre objectif sur le plan sportif cette saison ? Quel est votre objectif pour les trois années à venir ?
Cette saison, l’objectif est clairement d’aller chercher le titre. On va tout faire pour gagner le championnat. C’est l’objectif annoncé. Nous n’avons pas remporté le titre depuis 2008. À moyen terme, il faut aller en Champion’s League, ça fait longtemps qu’on n’y participe pas. Essayer de gagner la coupe de la CAF qu’on va recommencer à partir du mois de mars contre une équipe du Nigéria ou de la Guinée équatoriale.
Dans trois ans, honnêtement, avec les moyens que nous avons et avec ce que met le président comme argent, si on va en Champion’s League c’est pour aller la chercher. Nos ambitions n’ont pas de limite. Moi en tant que directeur sportif, je rêve de voir le Club Africain à la coupe du monde des clubs.

Quelle est votre stratégie à court et moyen terme pour atteindre ces objectifs ?
Notre stratégie c’est quand on fixe des objectifs on met les moyens pour les atteindre. Les moyens se divisent en deux : des moyens humains et des moyens financiers.
On n’a pas à se plaindre des moyens financiers parce que le président a mis énormément d’argent et je ne parle pas que du recrutement. Le Club Africain est un grand club, mais pour avoir une grande équipe il faut de bons joueurs, mais aussi certains détails. Ces détails-là, on est en train de les mettre en place. Comme sur l’infrastructure pour le mode de fonctionnement de l’équipe, sur le bus qu’on vient d’avoir, sur la qualité de vie des joueurs au sein du Parc. Le nouveau centre de formation que le président vient d’annoncer pour l’année prochaine. Tous ces détails-là relèvent du plan financier.
Sur le plan humain, ce sont la qualité de l’effectif et la qualité de l’encadrement qui font qu’on peut atteindre nos objectifs. Après, je ne suis pas satisfait à 100 % de ce qu’on a fait, on attend encore plus. Le plus important a été fait. Nous avons construit les bases d’une grande équipe. Il y aura quelques modifications peut-être à ce mercato ou au mercato de juin, mais il n’y aura pas de recrutement de 10 ou 11 joueurs comme ça a été le cas cet été. On a mis les bases, il reste à affiner l’équipe.

Monsieur Riahi a injecté dès son arrivée des sommes importantes qui n’ont pas encore permis au Club Africain d’être couronné. Cette année aussi, le recrutement a été extrêmement ambitieux. Est-ce que ça sera un échec de la direction si le club n’est pas champion en fin de saison ?
Moi je ne veux pas envisager ce cas. Quand j’ai discuté avec le président, au mois de mars dernier, on s’est mis d’accord pour qu’il me donne les clés du football au Club Africain pour aller chercher le titre. J’ai eu tous les moyens que j’ai demandés. Après c’est le foot. Mais on va tout faire pour gagner ce trophée. On ne joue pas tout seul, il y a d’autres équipes qui sont bien armées, mais on va tout faire pour leur damner le pion. Pour ça, il n’y a aucun souci.
Je ne veux pas envisager cette possibilité, j’ai une entière confiance dans ce groupe.

Quelles sont les difficultés que vous rencontrez en tant que directeur sportif du Club Africain ?
Quand je suis arrivé au club, mon mot d’ordre était de changer les mentalités. Moi j’ai déjà vécu en France, je connais très bien ce qui se fait en Europe. J’ai fait pas mal de stages en Europe notamment à Clairefontaine et mon objectif est de faire grandir le club et de franchir un palier. L’idée c’est d’avoir une nouvelle image du Club Africain parce que c’est un très très grand club. Pour janvier, on est en train de travailler sur les modalités pour changer les mentalités et c’est ça qui est dur. Ça commence par les plus jeunes. Au Club Africain on veut avoir des joueurs très bien préparés sur le plan mental, sur le plan d’état d’esprit, sur l’envie de travailler et ça il faut le commencer dès le jeune âge. Après, les difficultés c’est comme partout dans le monde. On ne peut pas faire l’unanimité, on n’est pas aimé par tout le monde, il y a des gens qui essayent de mettre des bâtons dans les roues. Il y a des gens qui veulent faire capoter des dossiers sur le recrutement.

« L’idée est de faire un gros coup, quelqu’un qui peut nous apporter un plus »

Vous êtes un acteur majeur du championnat et devrez à priori animer le mercato d’hiver. Quelles sont vos priorités ? Quels sont les postes que vous souhaitez renforcer et les joueurs que vous souhaitez avoir ?
Les joueurs que nous avons devraient suffire pour le championnat. Mais nous entamons la coupe de la CAF et après la CAN à partir du mois de mars il y aura un enchainement de matchs. Peut-être qu’on renforcera la ligne défensive par un élément. Certes, nous avons des joueurs polyvalents capables de jouer derrière, mais en ce qui concerne les défenseurs on tourne avec 7 défenseurs. Peut-être qu’on aura besoin d’un 8e défenseur pour être plus costaud derrière avec les blessures éventuelles. Au milieu, nous n’avons pas de soucis. Peut-être un attaquant de plus. On devait recruter un attaquant cet été, mais nous ne l’avons pas fait. On ne recrute pas juste pour recruter. L’idée est de faire un gros coup, quelqu’un qui peut nous apporter un plus comme nous l’avons fait avec Saber ou Jabbou avant mon arrivée. On attend, on cherche un profil d’un jeune joueur africain prometteur. On travaille sur quelques dossiers que j’ai sous la main et j’espère qu’on finalisera au moins un des dossiers.

Pas de nom du coup ?
Non, non. Comme je l’ai dit tout à l’heure par rapport aux difficultés, si je donne un nom ou il y a d’autres personnes qui vont rentrer dans le jeu pour augmenter les enchères ou alors pour faire capoter le dossier. Pour l’intérêt du club, il ne vaut mieux pas.

Envisagez-vous des départs à ce mercato ?
On va finir le match de dimanche (NDLR : Interview réalisée avant dimanche), la dernière journée, et il y aura une réunion avec le staff et on prendra une décision. On verra s’il faut faire partir des joueurs. De toute façon, si on ramène un ou deux joueurs, peut-être qu’on fera partir un ou deux joueurs au maximum. Pour l’instant, on n’a pas pris la décision. Peut-être des jeunes qui ont besoin de jouer pour rejoindre des clubs de milieu de tableau parce qu’on ne peut pas tourner avec 28 joueurs. C’est beaucoup.

Quelle est votre politique de recrutement sur les 12 prochains mois ?
Si on fait deux recrutements en décembre, l’effectif sera au complet. Sauf s’il y aura des départs avec des offres intéressantes pour certains joueurs. En cas de départ, ou des blessures de longues durées, on sera sur le marché au mois de juin ou alors en cas d’opportunité. On dehors de ça, on a un bon effectif, d’autant qu’il n’y aura pas réellement de trêve cet été. On attaquera juste après le championnat la coupe et à partir du mois de juin les compétitions africaines. On n’aura pas le temps de changer. Les bases sont déjà là comme je l’ai dit tout à l’heure.

« j’aurais bien aimé avoir Baghdad Bounedjeh…l’absence du public est un problème »

Quels sont les joueurs des autres clubs pour qui vous vous dites : « J’aurais bien aimé les avoir avec nous » ?
Même si nous avons de très bons attaquants, j’aurais bien aimé avoir Baghdad Bounedjeh. C’est un profil que nous n’avons pas. C’est un mec qui m’intéresse beaucoup. Je l’ai même encensé à la télé parce que je pense qu’il a de grandes qualités et il pourra évoluer en Europe facilement.

Quel est votre avis sur le championnat tunisien ?
Je pense qu’il pourrait être de meilleur niveau. Aujourd’hui, il y a un petit problème qui est l’absence du public. C’est un facteur qui ne permet pas de progresser. Il ne permet pas d’avoir des matchs relevés, avec un certain niveau et une certaine intensité. Jouer sans public ou en face de quelques supporteurs, ça donne l’impression de jouer des matchs amicaux.
Quand, on voit le nombre de joueurs qui reviennent d’Europe que ça soit chez nous ou dans d’autres clubs, je pense que le niveau doit être bon par rapport au Maghreb ou les autres championnats africains. Ce n’est pas le niveau européen, mais le championnat reste respectable. Ce qui est bien c’est que sur les dernières années, il n’y a plus de petites équipes ou d’équipes faciles. Tous les matchs sont difficiles. À certains moments, il y avait trop d’écart entre les 4 grands clubs entre guillemets et les autres. Maintenant, tous les matchs sont difficiles que ça soit à domicile ou en déplacement.

En dehors du public, que faut-il améliorer selon vous sur le plan sportif, structurel ou administratif pour le rendre attrayant ?
Ah oui, il y a pas mal de choses à changer surtout sur le plan de l’infrastructure. Si on veut avoir de la qualité ou du jeu, il faut voir ce qu’on fait les Allemands. Ils ont profité de la coupe du monde et aujourd’hui ils ont le championnat le plus attrayant en Europe. Je pense que pour avoir un meilleur championnat et un meilleur football de qualité il faut développer les infrastructures. La qualité première des joueurs tunisiens est la technique. Pour que celle-ci s’exprime, l’élément de base c’est le terrain. Si nous avons des terrains comme à Kairouan, on ne pourra pas avancer. En plus à la télé on sort ça chaque semaine, on déplore toujours la qualité des terrains. Il faudra trouver des solutions pour avoir des terrains de meilleure qualité.
Sur le plan formation, je pense qu’il faut aider financièrement les petits clubs pour faire de la formation. Ils travaillent avec les moyens du bord alors que les grands clubs assurent justement cette formation.

Que reste-t-il à améliorer dans l’organisation du Club Africain pour qu’il devienne un club professionnel à l’européenne ?
On est en train d’améliorer pas mal de choses. Déjà sur le cadre de vie des joueurs, on va construire un nouveau centre de formation. On a refait nos vestiaires. On a un espace de récupération. Au Parc, les deux terrains sont de bonne qualité. On va avoir un vrai centre d’entrainement pour les Pros avec de l’hébergement. Je donne un petit exemple, les joueurs arrivent le matin, on aimerait bien qu’ils prennent le petit déjeuner ensemble. Ils ont ensuite un espace pour discuter et un espace médical qu’ils peuvent voir avant l’entrainement. Si on fait des doubles séances, nous pourrons réunir les joueurs pour manger ensemble ou faire la sieste.

« nous avons un gros problème avec la contrefaçon »

Le club est très dépendant du mécénat du président Slim Riahi. Envisagez-vous un autofinancement du club à terme ? Si oui, à quel terme et comment pensez-vous y arriver ?
Je ne suis pas forcement le mieux placé pour vous répondre. Je m’occupe du volet sportif. Mais si vous regardez au niveau européen, est-ce que le PSG dépend de l’argent des Qataris ? Est-ce que Chelsea dépend de l’argent d’Abramovitch ? Il faut bien qu’il y ait des gens qui injectent de l’argent à un moment donné ou à un autre.
Regardez les clubs européens, ils tirent leur chiffre d’affaire du merchandising, des droits télé et des supporteurs. En Tunisie, les supporteurs alimentent bien les recettes. Pour le merchandising nous avons un gros problème avec la contrefaçon. Il faut travailler pour l’éliminer. Un club comme le Club Africain a une part minime par rapport à la contrefaçon et même si elle doit exister elle devrait être à 20 % et le club à 80 % alors que c’est l’inverse qui se passe.
Concernant les droits télé on est limité par les moyens qui existent en Tunisie. On ne peut pas faire plus.

Pour revenir sur la différence entre les clubs européens et le mode de fonctionnement en Tunisie ; les Qataris, par exemple, sont propriétaires du PSG. Ils ne peuvent pas le lâcher comme ça à moins de le vendre, ce qui n’est pas le cas des clubs en Tunisie qui sont plutôt des associations. C’est donc un mode économique très différent et la question de l’autofinancement a toute son importance.
Oui c’est vrai, ce sont des associations en Tunisie, mais il y a une loi qui, je pense, va passer et qui va changer la donne. Il y aura des clubs qui vont être introduits en bourse. Les clubs vont devenir des sociétés. Ce n’est pas le cas aujourd’hui, mais ça va changer.

Comment avez-vous trouvé le Derby de mercredi ?
C’était un Derby intéressant qui s’est joué sur un bon niveau. On a eu notre temps fort, ils ont eu le leur. Malheureusement, le public était que d’un seul côté encore une fois. On n’a pas eu notre public avec nous. Je pense qu’on n’a pas fait un grand match, mais dommage qu’à 2-0 on ne puisse pas tenir le résultat sur les 10 dernières minutes. Malheureusement, les circonstances nous ont été défavorables. On a eu un blessé et un suspendu avant le match. Deux défenseurs, Bilel et Hamza. Plus les deux centraux, comme Belkaroui, ils ont fini le match blessés. On prend un but alors qu’on était à 10 sur le terrain. Mais je ne me fais pas de souci. L’objectif était de rester premier et on l’est. Une équipe, même avec des joueurs de caractère, doit avoir un caractère d’équipe qui va se faire. On ne peut pas le faire en 6 mois. Cette équipe est en train de prendre forme. Elle va être plus performante en deuxième partie du championnat. Et c’est sûr qu’elle le sera encore plus l’année prochaine. Comme le dit Mourinho, mes équipes sont meilleures la deuxième année.

L’écart se resserre avec les poursuivants. Les deux points perdus risquent de coûter cher en fin de saison. Appréhendez-vous un scénario comme la saison passée ?
Non avec un seul poursuivant. Parce qu’avec l’Espérance on garde 8 points d’avance. Avec le CSS on ne perd pas de terrain puisqu’ils ont fait un match nul aussi. On perd deux points par rapport à l’Étoile.
Sinon, je n’appréhende pas du tout le scénario au contraire. L’année dernière, nous avions un calendrier favorable à l’aller et plus difficile au retour. Cette année, c’est le contraire. On a un calendrier très difficile à l’aller et sera favorable au retour. Nous avons joué l’Espérance devant son public, l’Étoile à Sousse, le CSS à Sfax et le CAB à Bizerte. En plus, je pense qu’on méritait mieux à Sousse et à Bizerte. On méritait de gagner largement à Sfax par rapport au match qu’on avait fait. Le derby on aurait dû le gagner si on avait réussi à tenir le résultat. Le fait de recevoir au retour et d’avoir un bon calendrier ça va être un atout. Sur les 6 prochains matchs, on n’a qu’un seul déplacement. Par rapport à tout ça, je ne suis pas inquiet. L’équipe monte en régime. Elle s’améliore de match en match. L’équipe est jeune au sens vécu ensemble. À chaque fois qu’il y a une trêve internationale, derrière on ne fait pas un bon match. Quand on enchaine les matchs, on est meilleur.

Sans langue de bois, comment voyez-vous les chances de la Tunisie en CAN qui va débuter le mois prochain ?
Je pense que c’est un tirage favorable. Le groupe parait facile, mais il ne l’est pas réellement. On a un historique avec le Cap-Vert qui nous ont éliminés de la course à la Coupe du Monde même si nous avons été repêchés par la réserve. Ils ont une technique intéressante. Ils ont fini premiers devant la Zambie en poule. La Zambie est une équipe qui a ses traditions en coupe d’Afrique même si après le départ d’Hervé Renard, elle n’est plus la même équipe. Et puis le RD Congo qui ont fait une bonne phase de poule même s’ils ont fini troisièmes. Il y avait le Cameroun et la Côte d’Ivoire devant. Mais une équipe qui est capable de gagner la Côte d’Ivoire en Côte d’Ivoire et mettre 4 buts est une équipe qui a plein de qualités. Il y a du talent dans cette équipe et ça ne sera pas facile face à eux.
L’avantage peut-être c’est que le haut du tableau est intéressant pour la Tunisie. Si la Tunisie se qualifie en poule, elle aura un quart plus au moins facile en évitant les gros.

Quel est votre meilleur souvenir sportif ?
Le match face à Zarzis à Radès en 2008, le dernier match lorsque nous avons gagné le titre.

Et le pire ?
La finale de la coupe qu’on perd face au Stade Tunisien à Radès. On était largement favoris.

Comment alliez-vous les deux casquettes de Directeur Sportif au Club Africain et consultant TV ?
Dès le moment où j’ai pris mes fonctions au Club Africain je ne suis plus consultant. On fait appel à moi à la radio ou à la télé notamment pendant les trêves internationales parce que je suis tous les championnats européens, je les regarde tous. Mais sinon je suis invité à la télé en tant que directeur sportif du Club Africain.

Un dernier mot pour nos lecteurs ?
J’espère que ç’a été intéressant et qu’il y a pas mal de clubistes :-)

Merci pour votre disponibilité.

Majed

Passionné de football depuis mon jeune age, je suivais mes deux équipes favorites, l'Espérance Sportive de Zarzis et le Club Africain que j'ai découvert à l'époque des Lotfi Mhaissi, Hédi Bayari, Kamel Chebli et Lassaad Abdelli. J'ai réellement rejoint Internet en 1994 en étant à l'ENSAM pour ensuite gérer le forum du CA en 1996 puis plusieurs sites personnels dédiés au CA et à l'ESZ. J'ai fondé Tunisie-Foot.com en 1998 au travers d'un site traitant du football tunisien qui aura son nom de domaine et son serveur dédié en 2000.
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