Formé à l’AC Boulogne-Billancourt (ACBB), le talentueux milieu de terrain Samy Chouchane évolue aujourd’hui en Angleterre avec Brighton & Hove Albion. Il représente également la sélection tunisienne olympique, avec laquelle il a successivement disputé la Coupe d’Afrique des Nations puis la Coupe du Monde des moins de 20 ans. Récemment appelé en équipe nationale A, Samy a gentiment accepté de répondre à nos questions. Nous vous proposons de retracer avec lui son parcours, de la France à l’Angleterre, jusqu’à la Tunisie.
TF : Bonjour Samy. Peux-tu te présenter à nos lecteurs ?
SC : Bonjour, je m’appelle Samy Chouchane et joue actuellement avec Brighton Albion. J’ai 19 ans et je suis né à Paris. J’ai fait toutes mes écoles dans le football à l’ACBB. Je vais vous expliquer mon parcours à travers cette interview.
TF : Tu es formé en France au club omnisports de l’Athletic Club de Boulogne-Billancourt, ville dont tu es originaire, où tu y feras toutes tes classes de 6 à 16 ans. Avec l’ACBB, tu découvres la Nationale 3, le championnat français de division 5 et disputes tes premiers tournois départementaux. Que retiens-tu de ces années passées et notamment tes dernières saisons au club en U15 et U17 ?
SC : Oui, j’ai effectué toutes mes catégories de jeunes à l’ACBB jusqu’en U17 avant de rejoindre l’Angleterre. J’ai pris énormément de plaisir avant tout. L’ACBB m’a beaucoup apporté et je les en remercie sincèrement. J’ai participé à de nombreux tournois avec le club, notamment à l’étranger, où j’ai beaucoup voyagé. Nous avons eu la chance d’affronter des équipes réputées comme la Juventus ou Manchester United, ce qui a grandement contribué à ma progression. Selon moi, les championnats U15 et U17 d’Ile-de-France comptent parmi les plus relevés de France. En U15 Division d’Honneur, j’ai pris beaucoup de plaisir à évoluer dans une équipe dirigée par le coach Fabien Caballero. Nous avons d’ailleurs remporté la Coupe de Paris en finale contre le PSG à l’issue des tirs au but. En U17, c’était différent, car ce championnat compte des clubs professionnels comme Laval, Angers ou Rennes. Nos déplacements étaient plus longs, ce qui nous a permis d’apprendre à gérer nos efforts et notre alimentation.
La pandémie de Covid a freiné notre saison, mais j’ai réussi à intégrer l’équipe Nationale 3 de l’ACBB entraînée par Teddy Bartin. Ce dernier m’a tout de suite fait confiance et m’a donné ma chance. Sous ses ordres, j’ai disputé trois rencontres. J’ai beaucoup appris au sein de son staff et je les en remercie. Le niveau me semblait le plus relevé en France. Il est difficile de comparer l’Ile-de-France au reste du pays.
TF : Que retiens-tu de ta formation en France avec l’ACBB, un club de la Région Île-de-France reconnu pour la qualité de sa formation ?
SC : Je pense que l’ACBB est un des plus grands clubs amateurs de la région de l’Ile-de-France au regard du nombre de tournois remportés et de joueurs que le club fournit au monde professionnel du football depuis sa création en 1943. C’est le club de ma ville. Je leur serais toujours reconnaissant.
J’ai beaucoup remis en question mon choix, puis à force de travail, ma chance finit par arriver et j’arrive à la saisir. Je joue ensuite tous les matchs de la saison, ce qui me rendait très heureux.
TF : Tu rallies alors dans la foulée l’Angleterre où tu rejoins le club anglais de Brighton Albion. Comment cette opportunité en Angleterre s’est offerte à toi ?
SC : J’ai choisi Brighton Albion, qui était venu me voir et qui m’a porté un intérêt, parmi trois offres différentes, car j’ai été séduit par les infrastructures du club anglais. J’ai tout de suite accroché, c’était mon coup de cœur. La Premier League, ça fait rêver !
TF : Tu intègres ensuite l’effectif U17 de Brighton Albion ou tu découvres la Premiere League U17. Comment s’est passé ton adaptation lors de ces premiers mois au sein de l’académie du club et ton acclimatation au football anglais ?
SC : J’avais 16 ans à ce moment-là, et j’intègre le groupe U18 de Premier League avec Brighton. C’est un bonheur pour moi de jouer contre Tottenham, Manchester United, Arsenal, tous les clubs que je regardais à la télévision enfant. Je porte fièrement le maillot de Brighton. Les premiers mois ont été compliqués, car j’ai dû m’adapter seul dans une famille d’accueil, loin de mes parents. La pandémie de Covid m’a beaucoup endurci mentalement parce que cela m’a contraint à rester confiné chez ma famille d’accueil, sans pouvoir rendre visite à mes proches en France. Cela m’a permis de gagner en maturité. Je ne joue pas durant les deux premiers mois, probablement à cause d’un manque de rythme et d’une inadaptation à l’environnement. J’ai beaucoup remis en question mon choix, puis à force de travail, ma chance finit par arriver et j’arrive à la saisir. Je joue ensuite tous les matchs de la saison, ce qui me rendait très heureux.
TF : Ta saison sera couronnée par ton premier trophée remporté avec Brighton Albion U17, grâce à la victoire de ton club face à Middlesbrough U17 (2-0). On peut dire que tu démarres bien avec ton nouveau club ?
SC : Oui, ce fut une très bonne saison pour moi et mes coéquipiers, avec une équipe très jeune composée de beaucoup de joueurs venus de l’étranger. On a su gagner cette coupe U17 contre Middlesbrough. On a accompli un nouveau rêve. Jouer dans des grands stades et gagner une coupe anglaise, c’est magnifique. On était tous très fiers et heureux pour cette première année.
TF : A 18 ans, tu décroches la signature de ton premier contrat professionnel en 2021 avec Brighton Albion. On imagine que c’est une immense fierté pour toi ?
SC : Oui bien sûr, comme tout joueur quand on voit la signature d’un contrat professionnel, c’est exceptionnel. On se dit que c’est une partie du travail qui est accomplie même s’il reste encore beaucoup. C’est une immense fierté pour tous les gens autour de moi, mes parents et tous les entraineurs qui m’ont aidé dans ma pratique du football. Mon père m’a beaucoup aidé dans ma carrière et je lui en suis très reconnaissant.
TF : L’année suivante, tu remportes ton premier trophée avec ton club, grâce à la victoire 4-2 de Brighton Albion contre Worthing en Sussex Senior Challenge Cup, un tournoi annuel anglais de la région du Sussex, composé notamment d’équipes professionnelles. Comment as-tu vécu ce sacre ?
SC : Chaque trophée est savouré, que ce soit la Champions League ou la Coupe du Comté de Sussex. Nous étions tous très heureux, mes coéquipiers et moi-même. Nous avons fini l’année de la plus belle des manières avec un nouveau trophée remporté avec Brighton avant de partir en vacances.
TF : À la demande d’Andrew Crofts, l’entraineur de l’époque qui se dira impressionné par tes performances avec l’équipe U17, tu seras surclassé en U21. Ce faisant, tu évolues maintenant en Premiere League 2. Au cours de tes trois saisons, tu totalises alors 62 matchs pour neuf buts et quatre passes décisives. Quel regard portes-tu sur tes trois ans passés à Brighton ?
SC : Oui, au cours de ma deuxième année, j’ai été surclassé en équipe U21 grâce à mes performances avec les U18. J’en étais très heureux. Au regard de ces trois saisons, je pense que ce sont trois saisons positives ponctuées de nombreuses victoires et trophées. Au niveau des statistiques, ça aurait pu être mieux, mais c’est déjà pas mal.
TF : En fin de contrat cet été avec Brighton Albion U21, ton club vient d’activer l’année supplémentaire présente dans ton contrat. Quels vont être tes objectifs sur le plan personnel pour cette nouvelle saison ?
SC : Mes objectifs pour cette saison sont de disputer le plus de match possible avec l’équipe première de Brighton Albion et améliorer mes statistiques en essayant de gagner encore des trophées.
TF : Selon toi, quelles sont les qualités que doit posséder un milieu de terrain moderne ?
SC : Je pense qu’un milieu de terrain moderne doit aujourd’hui posséder un large éventail de qualités. Défensivement comme offensivement, il doit avoir beaucoup de ressources, proposer de nombreuses courses et anticipation. Il doit savoir lire le jeu avant même de recevoir le ballon et jouer en une ou deux touches de balle maximum dans les petits espaces. Il doit être capable de jouer des deux pieds avec aisance et alterner passes longues et courtes. Il doit faire preuve de sérénité, car il est au cœur du jeu, c’est lui qui dirige le tempo et doit avoir une vision globale pour mettre ses coéquipiers dans les meilleures dispositions. Le milieu moderne se doit d’être complet et polyvalent.
J’ai été très fier de pouvoir honorer mon pays et montrer au monde entier les qualités que possède la Tunisie !
TF : La Tunisie U20 décrochera une seconde qualification historique en Coupe du Monde grâce à son parcours en Coupe d’Afrique des Nations et réussira à se hisser en 8ᵉ de finales grâce à une qualification en tant que meilleure troisième. Face au Brésil, la Tunisie sera battue et éliminée sur le score de 4-1. As-tu eu le sentiment que votre équipe, qui a pourtant réussi à bousculer le Brésil en deuxième période, pouvait beaucoup mieux faire ?
SC : Avant tout, c’était un rêve et un accomplissement, car l’équipe de Tunisie des moins de 20 ans ne s’était plus qualifiée pour la Coupe du Monde depuis très longtemps. Nous étions tous très heureux de pouvoir représenter ce pays en Argentine. Nous avons très bien débuté le match face au Brésil, mais malheureusement une petite erreur nous a coûté un but. Nous sommes bien revenus en seconde période, mais n’avons pas réussi à concrétiser nos actions, ce qui nous a coûté la défaite 4-1 au final. Selon moi, le score ne reflétait pas le match dans son ensemble. J’ai été très fier de pouvoir honorer mon pays et montrer au monde entier les qualités que possède la Tunisie !
TF : Tu as été appelé par Jalel Kadri pour rejoindre pour la première fois l’équipe nationale dans le cadre du stage de la sélection tunisienne qui affrontera le Botswana et l’Egypte au mois de septembre. Quelle était ta réaction et quelles sont tes ambitions avec les Aigles de Carthage ?
SC : J’en suis très fier. Cependant, je ne dois pas m’arrêter là. De belles et grandes choses arrivent à l’avenir avec la Tunisie. C’est un projet très enthousiasmant avec une équipe très prometteuse.
TF : Un dernier mot pour nos TFistes ?
SC : Merci aux supporters tunisiens pour leur soutien, messages et encouragements. Nous faisons tout pour rendre fier le peuple tunisien partout dans le monde.
