Le blogueur Slim Amamou a prêté serment hier. Il est devenu secrétaire d'État à la Jeunesse et aux Sports de Tunisie.
CitationAfficher toutEn Tunisie, Internet a contribué à la chute du régime en relayant la contestation. Cette révolution pourrait donner des ailes aux blogueurs qui luttent pour un État de droit, en Iran, à Cuba ou en Chine. Elle a déjà permis au Tunisien Slim Amamou de devenir ministre.
Lundi, Slim Amamou annonçait sur Twitter : « Je suis secrétaire d'État à la Jeunesse et aux Sports ». Quatre jours auparavant, le message était tout autre : « Je suis libre ». Ce Tunisien de 33 ans est passé de la case Prison à la case Ministre, en moins d'une semaine. Un destin comme les révolutions en réservent.
Slim Amamou vit à Tunis, il est marié et « père d'un magnifique garçon », indique-t-il sur son blog. Il dirige une petite entreprise, Alixsys, spécialisée dans les systèmes d'information du web. Sur Twitter, il se définit comme un « activiste contre la censure sur le Net ». Il est membre du Parti pirate tunisien et alimente Global Vocal On line, réseau international de veille démocratique.
En mars, il a coorganisé une manifestation pour dénoncer le pillage des comptes e-mails de Tunisiens par le régime de Ben Ali. Début janvier, il a été interpellé, comme ses amis blogueurs Azyz Amamy et Slah Eddine Kchouk. Le gouvernement pensait tenir des responsables des cyberattaques, lancées par le mystérieux collectif Anonymous (lire ci-dessous), contre les sites officiels du pays. Elles se multipliaient depuis l'automne.
Aujourd'hui, le voilà ministre, dans un gouvernement de transition qui compte six anciens de Ben Ali. « Je suis là parce que je crois au dialogue », a-t-il confié à Public Sénat. Il voit sa nomination comme une volonté « de se rapprocher des jeunes internautes, d'avoir leurs avis ». Le blogueur sait qu'il sera surveillé de près par ses amis du Web. Le collectif de blogueurs Nawaat a commencé par le féliciter, mais en précisant : « On l'a à l'oeil, particulièrement à l'oeil. » Joint par téléphone hier, Hamma Hammami, du Parti ouvrier communiste tunisien, confiait : « Je ne serais pas surpris qu'il démissionne lui aussi. Les jeunes internautes sont contre ce gouvernement et le disent. Il a commis une grosse erreur. »
« Laissons-lui sa chance, disent d'autres blogueurs. Voyons s'il sera vraiment libre. » Et comment il négociera, notamment avec Marwan Mabrouk, président d'Orange Tunisie, gendre de Ben Ali, et toujours en poste. Pour l'heure, « submergé », son Twitter (@slim404) n'émet plus.