Je souhaite utiliser mon droit de réponse à votre article, afin de donner le point de vue de quelqu'un qui aurait pu être devant le bâtiment de cette chaine de télévision maghrébine qu'est Nessma par la quelle est venue la polémique. (d'ailleurs, aucune image de cette attaque, dénoncée par le président de Nessma, et le lendemain ce n'était pas vraiment des barbus que l'on voyait...)
La Tunisie est aujourd'hui un pays libre et à ce titre, chaque frange de son peuple exprime ses sentiments à chaque fois qu'il en ressent le besoin, et c'est tant mieux.
Représenter Dieu, ou son prophète, est strictement interdit en Islam, ceci est un fait qui n'est pas discutable, excepté peut être par certains illuminés philosophes, se prétendant d'un islam illuminé éclairé. Il faut savoir que cela n'a pas heurté seulement la frange "islamiste" des tunisiens mais bien le tunisien lambda qui n'a pas l'habitude de voir sur les chaines tunisiennes de telles provocations. Une campagne de boycott de Nessma prend actuellement une grande ampleur sur le net tunisien et ce ne sont pas des partisans d'Ennahda, le mouvement islamiste tunisien, qui l'organise.
Quant à celui par lequel est venue la polémique, Nebil Karoui, il est tristement connu pour son attachement au feu président Ben Ali, qu'il surnommait affectueusement "notre père", des vidéos circulent depuis cette polémique pour montrer qui était ce personnage avant la révolution, un de nos nombreux élites corrompus qui ont trahi la Tunisie et fait le jeu du dictateur avec plaisir et non par crainte de représailles. Il est un tenant d'une Tunisie laïque, telle qu'imposée par la dictature à un peuple musulman avec le résultat que l'on connait aujourd'hui.
Les islamistes d'Ennahda vont gagner cette élection, haut la main, car le peuple tunisien est resté fortement attaché à l'Islam, à Dieu et à son dernier Messager. L'élite laïque qui a dirigé le pays pendant la dictature est fortement corrompu et la confiance d'une majorité du peuple tunisien en un système honnête avec des hommes honnêtes se dirige naturellement vers Ennahda.
Le fait qu'une majorité du peuple tunisien désapprouve fortement ce documentaire n'est pas incompatible avec le fait qu'ils désapprouvent aussi fortement une réaction violente à celui-ci.
Pour faire une analogie avec la France, cela heurte autant (en fait plus...) les tunisiens que l'on représente Dieu ou son Messager, que les français qu'on s'attaque au drapeau ou à l'hymne national.
Pour rappel, un délit d'outrage au drapeau et à l'hymne national a été spécialement créé il y a peu en France, suite à un fait divers qui avait défrayé la chroinique en France.
Donc, à chaque peuple, sa représentation de ce qui est sacré, une leçon de tolérance.