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[EN] : Analyse de la liste de la CAN des Aigles de Carthage

Attendu au pilori, contesté voir même désabusé, le sélectionneur tunisien Jalel Kadri se tenait jusqu’ici tel le capitaine naviguant au coeur d’une tempête, la corde étant raide et les attentes grandissantes. L’annonce de la liste sonnait aujourd’hui tel un appel à la redemption et surtout à la reconquête d’une opinion publique tunisienne contrariée, après le chaotique stage asiatique du mois d’octobre où les Aigles de Carthage ont essuyé deux revers cinglants successivement face à la Corée du Sud et au Japon.

En une petite demi heure, vingt sept noms ont étés annoncés par Jalel Kadri, en dévoilant sa liste le sélectionneur tunisien a élaboré dans l’ensemble une liste plutôt consensuelle et cohérente prenant à contrepied ses détracteurs. Kadri a d’une certaine manière posé les jalons de l’équipe qui sera le 18 janvier 2024 contre la Namibie relativement similaire à celle que nous avions retrouvé le 12 septembre lors d’un match amical face à la sélection égyptienne.

Les joueurs sélectionnés sont les suivants :

Gardiens de but :

  1. Aymen Dahmen (Al-Hazem/KSA)
  2. Mouez Hassen (Club Africain)
  3. Béchir Ben Said (US Monastir)

Défenseurs :

  1. Ali Abdi (Caen/FRA/L2)
  2. Ali Maaloul (Al-Ahly/EGY)
  3. Wajdi Kechrida (Atromitos Athènes/GRE)
  4. Yassine Meriah (Espérance)
  5. Montassar Talbi (FC Lorient/FRA)
  6. Hamza Jelassi (Étoile du Sahel)
  7. Yan Valery (Angers SCO/FRA/L2)
  8. Oussama Haddadi (SpVgg Fürth/GER/D2)
  9. Alaa Ghram (Club sportif sfaxien)

Milieux de terrain :

  1. Elyes Skhiri (Eintracht/GER)
  2. Mohamed Ali Ben Romdhane (Ferencvaros/HUN)
  3. Aïssa Laïdouni (Union Berlin/GER)
  4. Houssem Teka (Espérance Tunis)
  5. Hamza Rafia (US Lecce/ITA)
  6. Mohamed Haj Mahmoud (FC Lugano)
  7. Anis Ben Slimane (Sheffield/ENG)

Attaquants :

  1. Youssef Msakni (Al-Arabi SC/QAT)
  2. Naïm Sliti (Al-Ahli/QAT)
  3. Taha Yassine Khenissi (Kuwait SC/KUW)
  4. Haythem Jouini (Stade tunisien)
  5. Seifallah Letaief (FC Winterthour/SUI)
  6. Bassem Srarfi (Club Africain)
  7. Elias Achouri (FC Copenhague/DEN)
  8. Mortadha Ben Ouanes (Kasimpasa SK/TUR)

Cette liste met en avant une cohésion et une continuité dans les choix du sélectionneur, présentant une équipe qui espère inverser la tendance après les revers précédents et regagner la confiance du public tunisien. Le sélectionneur a manifestement cherché à instaurer une diversité de profils dans chaque secteur de jeu au sein de cette sélection, démontrant ainsi une volonté claire d’établir une équipe aux compétences variées et complémentaires.

Une diversification des profils amenant à une souplesse tactique

La diversification des profils est clairement perceptible tant au niveau du milieu de terrain que de l’attaque dans la liste sélectionnée par le coach tunisien. Cette liste se distingue par l’inclusion remarquée de plusieurs joueurs au jeu de percussion. En effet, quatre ailiers ont été convoqués : Achouri, Srarfi, Ltaief, ainsi que le retour de Ben Ouannes. Cette décision contraste avec la précédente participation de la Tunisie à la CAN 2021, où aucun joueur de cette trempe n’avait été retenu. Ce choix reflète la vision du sélectionneur, soulignant l’importance, à ses yeux, d’intégrer un nombre conséquent d’ailiers pour dynamiser un secteur offensif jusqu’alors en manque de créativité et de tranchant. La carence offensive, ayant longtemps freiné le jeu de la sélection tunisienne lors de ses précédentes rencontres, a engendré une lenteur préjudiciable dans ses séquences de jeu. L’intégration de ces profils, cependant, pourrait servir à atténuer voire à dissimuler les difficultés du staff technique national dans la mise en place d’une animation offensive fluide, incisive, capable de percer les défenses regroupées. Ce scénario semble se profiler pour la sélection lors de son match d’ouverture contre la Namibie le 16 janvier à Korhogo.

Outre l’ajout des ailiers, la diversification des profils se manifeste également dans la sélection de Kadri concernant les attaquants. En effet, il a fait le choix d’emmener deux types d’avants-centres distincts : Haythem Jouini, un attaquant imposant avec un jeu dos au but et un sens du jeu en remise, et Taha Yassine Khenissi, un attaquant mobile privilégiant la rupture. En intégrant quatre ailiers et en offrant la possibilité d’avoir deux avants-centres aux profils contrastés, le staff technique de l’équipe nationale dispose ainsi d’une certaine souplesse dans le choix des schémas tactiques, pouvant opter pour des configurations variées telles que le 4-2-3-1, le 4-3-3 voire même le 3-5-2, témoignant d’une adaptabilité tactique.

Cependant, des reproches pourraient être émis à l’égard du sélectionneur tunisien pour ne pas avoir inclus en tant que suppléants des défenseurs centraux comme Talbi ou Meriah, ni avoir choisi des joueurs expérimentés et aguerris dans les grandes compétitions, à l’image de Nader Ghandri d’Ajman ou encore Bilel Iffa évoluant au Koweit. L’un de ces joueurs aurait pu offrir des garanties en cas de blessure des titulaires à la charnière centrale, tel que Talbi ou Meriah.

Cependant, en ce qui concerne les absences remarquables à souligner, il est important de noter l’absence de Hannibal Mejbri le pensionnaire de Manchester United est en effet l’un des grands absents de la liste de Jalel Kadri à l’instar du très expérimenté Ferjani Sassi évoluant à Al Gharafa SC.

De Mejbri à Sassi ; des absences prévisibles

L’absence de Hannibal Mejbri et Ferjani Sassi dans la sélection nationale s’explique par des raisons claires. La situation difficile de Mejbri à Manchester United, où il a très peu de temps de jeu, a compromis sa légitimité pour la sélection. Ayant joué seulement 403 minutes et n’étant pas un joueur régulier, il est crucial pour sa carrière de chercher plus de temps de jeu, peut-être en quittant le club, soit en prêt ou transfert. Sa non-participation à la Coupe d’Afrique pourrait aider sa progression. Mejbri a exprimé sur le réseau social X qu’il ne participe qu’en se sentant prêt. Le staff national et lui-même ont convenu qu’il était mieux pour lui de se concentrer sur sa carrière actuelle pour revenir plus fort après la compétition.

L’absence notable de Ferjani Sassi suggère que le staff de l’équipe nationale a peut-être réagi à une pression populaire résultant du désamour envers le joueur, persistant depuis la Coupe du Monde 2022. Ses récentes performances en dents de scie en équipe nationale, associées à une possible impression de déclin, ont probablement également influencé cette décision.

Le championnat local ; le grand absent de la liste

Effectivement, le championnat local semble en déclin et n’a pas été considéré par le staff de l’équipe nationale comme une pépinière de talents, malgré une tendance déjà établie. Parmi les 24 joueurs de champ sélectionnés, seuls 5 évoluent localement. Yassine Meriah (30 ans) et Houssem Tka (23 ans) de l’Espérance Sportive de Tunis, Hamza Jelassi (32 ans) de l’Étoile Sportive du Sahel, Bassem Srarfi (26 ans) du Club Africain, Alaa Ghram (22 ans) du Club Sportif Sfaxien et Haythem Jouini (30 ans) du Stade Tunisien représentent le championnat national dans la sélection. Tous ces joueurs ont en commun d’être expérimentés et relativement âgés, avec une moyenne d’âge de 27 ans. Cette statistique soulève des inquiétudes, signalant que le championnat tunisien semble manquer de jeunes talents capables de s’imposer naturellement dans les choix de Jalel Kadri.

Quelles attentes pour la sélection tunisienne dans cette CAN ?

L’équipe nationale tunisienne connaît une montée en puissance grâce à la présence croissante de joueurs évoluant dans des compétitions européennes de renom, comme Elias Achouri, Elyes Skhiri, Aissa Laidouni, Mohamed Ali Ben Romdhane et Anis Ben Slimane, même avec un temps de jeu limité pour ce dernier en Premier League. Cette évolution marque un progrès significatif par rapport aux années antérieures, offrant ainsi une valeur ajoutée à la sélection. En parallèle, l’émergence d’ailiers, un profil rare auparavant dans le football tunisien, renforce considérablement l’équipe nationale en lui apportant des options tactiques diversifiées.

Cette transformation s’associe à la présence de piliers incontestables tels qu’Ali Maaloul, le latéral gauche d’Al Ahly, et Youssef Msakni, leader technique et habitué des grandes compétitions avec sa 8ème participation à la Coupe d’Afrique des Nations. Cette combinaison entre la jeunesse fougueuse, la représentation des joueurs dans les compétitions européennes et la présence de cadres expérimentés offre à la sélection des fondations solides, suscitant des espoirs légitimes pour une performance notable. À vingt ans après le sacre de 2004, les raisons évoquées laissent entrevoir la possibilité de rêver à nouveau.

Cependant, malgré les progrès notables, les éventuels défis tactiques du staff de l’équipe nationale et le besoin d’une animation offensive plus dynamique pourraient poser des obstacles à la concrétisation de ce rêve légitime. L’avenir permettra de juger si ces lacunes seront comblées. Dans tous les cas, l’objectif fixé par la Fédération Tunisienne de Football reste l’atteinte des demi-finales. Cette ambition élevée souligne la détermination et les espoirs placés dans cette équipe, éclairant le chemin vers une performance de haut niveau lors de cette compétition.

Safsaf

Passionné par le football tunisien, mes équipes favorites sont l'Espérance Sportive de Tunis et l'Espérance Sportive de Zarzis. J'ai découvert Tunisie-Foot en 2010, la référence du Football Tunisien depuis 1998 !

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