Si la Tunisie a son ticket enpoche pour les quarts de final de la CAN 2012 avant même de disputer son troisième et derniermatch de poule (face au Gabon), cela n’a pas été de tout repos pour les nerfsdes supporters tunisiens. Faible implication offensive, souvent exposés au jeude l’équipe adverse, fatigue physique (conditions météo et de jeu extrême) etpour ne rien arranger à ça, un arbitrage plus que contestable en défaveur desAigles. La Tunisiea connu meilleures conditions par le passé sans forcement l’emporter, elleexcellait même dans l’art de se mettre dos au mur alors que tout paraissaitsimple et clair.
23 janvier 2012, 20h àLibreville, Tunisie-Maroc premier match :
L’entrée en lice des Tunisiens dans cette CAN 2012 commence par un derby face au frère ennemi(footballistiquement parlant, soyons mesurés), le Maroc. Une chose est sûre,qu’importe le gagnant on aura le droit à une pluie de jeu de mots et de métaphores dans les médias (« les aigles ont survolés les lions » « les lions ont mangé les aigles » « le lion de Rekem n’a pas réussi à dompter les lions de l’Atlas face aux aigles » etc….). Parlons foot maintenant. Avant la rencontre les marocains sont favoris pour ce match comme pour le titre suprême, il est vrai qu’avec Chamakh, Taarabt, Hadji, Kharja, Benatia, Belhanda et El Arabi, la posture est légitime. Quelques minutes avantle coup d’envoi, les compos sont données, les voici:
Tunisie: Balbouli- Iffa, Haggui, Abdennour, Jemal- Korbi, Traoui, Chikhaoui, Dhaouedi- Khelifa, Allagui
Maroc: Lemyaghri-Basser, ElKantari, Benatia, El Kaddouri- Hermach, Belhanda, Kharja (cap)- Boussoufa, Assaidi, Chamakh
Sami Trabelsi brouille les pistes, en effet le onze tunisien parait ultra défensif avec Iffa et Jemal sur les côtés et deux récupérateurs purs alors que devant on a le droit à quatre joueurs à vocation offensive avec Chikhaoui, Dhaouedi derrière Khelifa et Allagui. Les supporters des Aigles vont vite se rendre compte que la première idée était la bonne. En effet on remarque très vite que la communication est coupée entre le milieu et l’attaque et il faudra voir un Chikhaoui ou un Allagui proche des 18 mètres tunisiens pour qu’ils puissent toucher le ballon. Après un sauvetage sur sa ligne de Lemyaghri suite à une reprise de Haggui (7e) les champions d’Afrique 2004 vont se donner corps et âme pour défendre leurs cages. Balbouli repousse un face à face avec Chamakh (12e) bien servi par Boussoufa, qui quelques minutes plus tard prend sa chance et trouve encore un gardien tunisien décidé à (au moins) ne pas perdre. Les spectateurs ont ensuite le droit à une possession de balle quasi exclusivement marocaine, des fautes de part et d’autre et un spectacle pas très emballant. C’est dans ce marasme que Zouheir Dhaouedi décide de décocher une frappe à vingt-cinq mètres qui butera sur le montant droit de l’expérimenté Lemyaghri (23e). Les assauts marocains sont repoussés par une défense tunisienne courageuse mais fatiguée. La solution pour souffler un peu, le kick’n rush si cher aux anglais. Il faudra alors attendre la 34e minute pour que les hommes de Sami Trabelsi se révoltent. Korbi qui est chargé de tirer les coups de pieds arrêtés ne voit pas pourquoi il ne devrait pas tirer celui-là, celui-là c’est un coupfranc à trente mètres et qui finira aux fonds des filets marocains. Un coup de pied botter « in the box » si cher aux anglais, tout le monde saute,personne ne touche le ballon, sauf le portier des Lions de l’Atlas, malheureusement pour lui pas suffisamment fort pour le détourner. La camera et les joueurs se dirigent tous vers Khelifa qui n’a pas touché le cuire et qu’ils croient être le buteur, qu’à cela ne tienne c’est lui qui fête l’ouverture du score avec une danse brésilienne à la mode en ce moment sur tous les terrains de foot. Après ce but tant surprenant au vu de la physionomie du match que dans sa forme, on aura le droit à un florilège de fautes, d’approximations techniques et de perte de temps qui conduira finalement les vingt deux acteurs aux vestiaires.
Au retour de la pause, les deux équipes nous livrent la même prestation, une domination stérile des coéquipiers de Belhanda et une Tunisie qui ne lâchera manifestement rien. Le Maroc si proche de l’Espagne géographiquement,essaie tant bien que mal de développer un jeu qui se rapproche de celui de la Roja, pendant que la Tunisie qui n’a d’yeux que pour l’Italie nous ressort un catenaccio si cher cette fois-ci aux Italiens. Le festival des remplaçants commence alors, Taarabt entré à la mi-temps frappe mais ne trompe pas Balbouli (48e), Hadji qui a fait son apparition à l’heure de jeu enchaîne un sombrero sur Abdennour puis une frappe qui passe audessus des cages tunisiennes (60e). Sami Trabelsi qui a remporté la CHAN* a décidé un peu plus tôt de faire entrer un « local » et c’est Youssef M’sekni qui prend la place de Allagui (57e). Celui que Chawali a surnommé Giuseppe M’sekni et dont en Tunisie on dit maintenant qu’il aurait inspiré Messi, met très exactement dix-huit minutes à se signaler. Du côté de la sélection des Aigles on avait déjà attendu plus longtemps pour moins que ça, l’ailier de l’Espérance de Tunis prend alors le ballon dribble El Kantari, enrhume El Kadouri et frappe à ras de terre (75e). Un but qui finira certainement dans le top 5de la CAN, ça fait deux à zéro, la Tunisie se met à l’abri et enterre les marocains. Une leçon de réalisme et de finesse technique en même temps. Malheureusement Comme un derby entre la Tunisie et le Maroc ne se passe jamais sans polémique, il faudra attendre la 86e minute et un but de Kharja sur une remise de Kantari hors-jeu pour redonner de l’espoir aux Lions. Un espoir vain puisque le score n’évoluera plus et les Aigles de Carthage en un match seulement enregistrent déjà plus de victoire que lors de l’édition précédente.
*CHAN :Coupe d’Afrique de Nations composées de joueurs évoluantdans les championnats locaux.
