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[Exclu TF] : Interview d’Habib Bellaïd

TF : Pouvez-vous vous présenter au public tunisien ?

HB : Je suis Habib Bellaïd, j’ai 19 ans, je mesure 1.88 m pour 80 kilos, je viens de Seine-Saint-Denis de Tremblay-en France exactement. J’ai commencé à jouer au foot là-bas au Red Star pendant 8 ans.

TF : On vous a vu jouer en défense centrale et sur les côtés. Quel est donc le poste que vous affectionnez le mieux ?

HB : Incontestablement, en défense centrale. Quand tu as eu une formation en défense centrale, jouer latéral ce n’est pas du tout la même chose.

TF : Quels sont vos qualités et vos défauts sur le terrain?

HB : Mon principal défaut est la concentration, ça a été difficile au début mais cette année j’ai réussi à franchir ce cap-là. J’arrive maintenant à rester concentré sur mon sujet, sur l’attaquant pendant 90 minutes. Pour mes qualités, c’est les choses que tu nais avec. Soit tu as du ballon, soit tu ne l’as pas.

TF : De quelle ville êtes-vous originaire en Tunisie ? Retournez-vous régulièrement en Tunisie ?

HB : Je viens de Sidi Bou Saïd. Malheureusement, je n’ai pas la chance d’y retourner régulièrement. Mes parents et ma petite sœur y vont souvent mais comme moi, je n’ai rarement les vacances en même temps qu’eux, donc je ne peux pas y retourner. Sûrement cet été, j’irais en Tunisie parce que j’ai envie de revoir la famille. Surtout que je ne les connais pas bien car la plupart de ma famille est en France comme mes grands-parents sont en France et je les vois régulièrement à Paris.

TF : Comme vous avez dû le voir, beaucoup d’internautes se demandent si vous avez enfin fait votre choix entre la Tunisie et la France, que pouvez-vous leur répondre ?

HB : Je n’ai pas encore fait mon choix mais dans ma tête c’est bien ciblé. Je sais que j’ai envie de jouer pour la Tunisie. C’est mes racines, cela ferait plaisir à mes grands-parents, à mes parents et, j’espère aussi, aux tunisiens. Maintenant, c’est vrai que je suis encore jeune. Il faut encore que j’attende de jouer des matchs en L1 pour venir jouer avec la sélection.

TF : Avez-vous été en contact avec des dirigeants de la FTF ?

HB : Oui. Ils ont contacté tous le groupe qui monte, Hatem Ben Arfa, Helmi Loussaïef, Mourad Ben Hamida et moi-même. En fait, je n’ai pas été contacté directement mais plutôt mon père. Il y a pas mal de personnes de la FTF qui l’ont contacté par téléphone et avec qui il a discuté. Moi, j’essaie de rester un peu extérieur à ça, je laisse mon père gérer tout ça comme il a toujours fait jusqu’à maintenant.

TF : Est-ce que Karim Haggui ou d’autres joueurs vous ont approché pour vous convaincre à venir en EN ?

HB : Oui, il y a Karim Haggui qui joue déjà avec la Tunisie. Il me dit « il faut que tu vienne. En plus, tu seras avec moi en espoir ». Donc forcément, ça m’intéresse. Après, il y a aussi d’autres internationaux comme Salim Arrache (Algérie) ou Yacine Abdessadki (Maroc) qui m’ont aussi dit que la sélection du pays, c’est vraiment quelque chose de beau et à faire.

TF : On sait que beaucoup de clubs mettent la pression sur leur joueur pour qu’il joue avec l’équipe de France. Il y a aussi d’autres cas comme celui de Salim Arrache dans lequel le RCS ne lui transmettait pas les convocations de la fédération algérienne de football. Est-ce que ça a été votre cas?

HB : Non pas du tout. De toute façon, mon père a été clair avec eux. Il leur a dit que pour l’instant je suis international français mais que la sélection tunisienne m’intéressait énormément et que si j’ai envie de jouer avec la Tunisie, j’y irais. Ils n’ont rien dit, ils étaient d’accord. Ils pensent aussi que c’est une expérience à faire. Mais ils ne veulent pas non plus que j’y aille trop tôt et rester encore un peu avec les espoirs car René Girard me connaît bien. Il est clair que je ne vise pas l’Equipe de France A. Je veux jouer avec la Tunisie.

TF : Suivez-vous régulièrement l’EN ?

HB : Non, car je n’ai pas le câble mais je suis forcément les résultats avec Karim. Dès qu’il revient, je lui demande ce qu’ils ont fait, si cela s’est bien passé.

TF : Avez-vous suivi la CAN ? Qu’avez-vous ressenti lorsque la Tunisie a remporté la CAN ?

HB : J’étais trop content. La Tunisie, c’est mon pays. J’ai suivi tous les matchs de la CAN sauf la finale car j’avais match. Je n’ai regardé que le premier quart d’heure, j’ai vu le but de Santos. Après, je suis partie pour le match et mon père m’a finalement dit qu’on a gagné la Coupe. J’étais heureux forcément. C’est surtout de voir l’engouement du public au pays dans le stade de Radès plein, c’est magnifique. Cela donne envie d’aller jouer là-bas.

TF : A part Karim Haggui, Quels sont les joueurs tunisiens que vous connaissez personnellement? Quels sont ceux que vous appréciez ou qui vous ont le plus impressionné ?

HB : Personnellement, je n’en connais pas. Mais j’ai été surtout impressionné par Trabelsi et Jaïdi. C’est un très bon défenseur, très solide. J’aime bien Jaziri parce qu’il est très rapide, Benachour aussi car il est de Paris et son cas est aussi un peu la même histoire que nous, à moi, à Hatem ou à Helmi. Il y a aussi Chedli contre qui j’ai souvent joué en CFA et qui est un bon joueur. Il a eu raison de partir à Istres.

TF : Est-ce que vous suivez le championnat tunisien ? Quelle est votre équipe tunisienne préférée ?

HB : Je ne suis pas le championnat tunisien. Je ne suis même pas le championnat français. Je préfère la Liga ou la Premier League. Je ne suis pas supporter d’une équipe mais par contre mon père et mon grand-père aiment l’Etoile Sportive du Sahel.

TF : Beaucoup vous ont remarqué lors de l’émission télé-réalité « A la Clairefontaine ». Tout d’abord, comment avez-vous atterri dans le football puis par la suite à l’INF Clairefontaine ?

HB : Au départ, je jouais au Red Star, un bon club en région parisienne. On a eu un championnat inter-district à Clairefontaine, moi je faisais partie de l’équipe de Seine-Saint-Denis. On a bien joué là-bas. J’ai fait de bons matchs et ils m’ont repéré. Au départ, je ne voulais pas spécialement intégrer l’INF parce que je ne connaissais pas l’INF. Je n’avais pas pour but de devenir professionnel. Pour moi, le foot, c’était un amusement. Puis après, au fur et à mesure où on passait des tours (NDRL : du championnat inter-district), je me suis dit pourquoi pas. C’est un bon centre, il y a un bon cadre pour apprendre le football. Ensuite, j’ai fait les tests, ils m’ont accepté, j’ai passé trois ans là-bas. Après une fois que tu rentres là-bas, tu te dis que c’est pour devenir professionnel mais que c’était le tout tout tout début.

TF : Qu’est-ce que vous a apporté cette expérience de l’INF?

HB : L’INF m’a appris beaucoup de chose forcément. Tu t’entraînes là-bas tous les jours cinq fois par semaine. Techniquement, on apprend beaucoup. Cela a été aussi quelque chose d’important humainement parce qu’on avait une super promotion, on s’entendait bien, c’était terrible. Au niveau du football, on avait trop d’individualités pour pouvoir former un collectif. On avait de sacrés bons joueurs mais on n’arrivait pas à s’entendre sur le terrain. Mais quand on regarde maintenant, pour la plupart, on s’en sort bien.

TF : Quel est le meilleur souvenir que vous gardez du Red Star, le club avec lequel vous avez débutez?

HB : Il y en a trop. Je ne pourrais pas en dire un en particulier. Le Red Star c’est le club de mon enfance. J’ai grandi là-bas avec mes potes de la cité. Tout le monde était là-bas entre copains. A l’époque, tu ne jouais pas pour gagner mais plutôt pour s’amuser. Je ne garde que des bons souvenirs de ce club. Après il y a eu aussi des choses qui m’ont impressionné. Quand j’étais en moins de 13 ans, j’avais fait un match en tant que ramasseur de balles lors de Red Star-Lyon en Coupe de la Ligue, il y avait Méité (OM), Thiam (Istres) du coté du Red Star, Govou, Marlet du coté de Lyon et quand j’étais face à eux j’étais impressionné. Marlet, j’allais le voir quand je jouais en poussin, quand j’avais 8 ans à l’époque où il jouait au Stade Bauer et il y a 3-4 mois j’étais à coté de lui sur le banc à Marseille. C’est ça qui fait plaisir. Avant je les regardais, maintenant je suis à coté d’eux.

TF : A Clairefontaine, vous étiez assez proche avec Helmi Loussaief (AS Monaco) et Hatem Ben Arfa (Olympique Lyonnais), deux autres joueurs d’origine tunisienne. Vous est-il déjà arrivé de parler de la sélection tunisienne ?

HB : Oui forcément. Quand on était en première année, on se disait qu’on allait jouer pour la Tunisie. Après en troisième année, c’est Helmi en premier car il n’a pas été sélectionné en équipe de France. Moi, j’ai été sélectionné en Equipe de France. Hatem, il a eu le chemin qu’on connaît. C’est un peu le phénomène. Je ne pense pas que la France va le lâcher de si tôt. Mais il doit quand même y penser aussi car on est beaucoup attaché aux racines et que cela nous ferait plaisir. Helmi maintenant, il y est déjà.

TF : Etes-vous toujours en contact ? Avec quels joueurs de votre génération à l’INF êtes-vous encore en contact ?

HB : Oui avec Hatem, on s’appelle régulièrement. Sinon, Jonathan Tokple (PSG) et Ricardo Faty qui est avec moi à Strasbourg. On est toujours ensemble.

TF : Comment avez-vous atterri à Strasbourg et comment vous ont-ils remarqué ?

HB : Je crois que Duguépéroux m’avait remarqué lorsqu’on avait fait un match Red Star-Strasbourg en – de 15 ans nationaux. J’étais en deuxième année à l’INF et Strasbourg est venu jouer chez nous en Championnat. J’avais un sacré match ce jour-là. Mais à l’époque je jouais milieu défensif. Après, il est venu souvent me voir à l’INF. Lors des matchs de l’Equipe de France aussi. J’avais pas mal de contacts en France dont Nantes, Auxerre, Lens, Caen, PSG, Sochaux, Saint Etienne car j’étais le seul international sans club. J’ai choisi Strasbourg car je pensais que c’était ce qu’il y avait de mieux pour moi et je ne regrette pas.

TF : Quelle est votre situation professionnelle et quelle est la nature de votre contrat avec Strasbourg ?

HB : Il y a trois ans, j’ai signé un contrat espoir de cinq ans. Il me reste donc deux années de contrat avec Strasbourg.

TF : Vous vous entraînez régulièrement avec les pros cette saison. Quelles sont les différences que vous avez ressenties par rapport à entraînement avec l’équipe réserve ?

HB : On a beaucoup moins le droit au déchet technique c’est-à-dire une passe ratée, ça le fait plus directement et les pro, il ne rigolent pas avec ça. En CFA, quand tu perds le ballon, tu peux le récupérer alors qu’en pro, le ballon c’est un bijou. C’est la différence en pro. Quand on regarde un match à la télé ou dans un stade, on a l’impression que c’est facile mais sur le terrain ce n’est pas la même chose.

TF : Vous avez quelques apparitions sur le terrain ou sur le banc lors de match de championnat ou même de coupe. Vous sentez-vous prêt à évoluer en L1 ?

HB : Personnellement, je me sens prêt. Le jour où le coach sentira que je suis prêt, il me lancera. J’ai fait un an et demi en CFA, j’ai acquis assez d’expérience mais il m’en faut encore, ça passe par moins de déchets techniques notamment dans la relance au sol ou la relance longue. En pro, tu n’as pas le droit de perdre le ballon. Une ou deux mauvaises relances, ça passe en CFA ou en L2 mais pas en L1.

TF : Quels peuvent être les objectifs du Racing pour la prochaine saison ?

HB : D’abord, j’espère que cette année, on va gagner la Coupe. Si on a la chance de faire la Coupe d’Europe, c’est d’y faire un bon parcours. L’objectif est aussi de continuer à maintenir à un bon niveau à la Meinau, de faire un meilleur parcours à l’extérieur et pourquoi pas viser l’Intertoto. Il ne faut pas constamment se dire qu’on va essayer de se maintenir parce que c’est un peu énervant de jouer le maintien. Tu ne joues pas aussi libéré que si tu jouais la 8ème place.

TF : Quels sont ton meilleur et ton plus mauvais souvenir à Strasbourg ?

HB : C’est le même. La finale de la Coupe Gambardella. Une finale, on n’en joue pas tous les jours. On a fait une super aventure et on est arrivé en finale. On a pris 4 buts et on s’est fait éliminer.

TF : A Strasbourg, vous jouez avec Karim Haggui, international tunisien, que pensez-vous de ce joueur ? Est-ce que vous vous entendez bien ?

HB : On s’entend super bien. Karim c’est un peu comme un grand frère. On a eu l’occasion de jouer ensemble en CFA lorsqu’il revenait de blessure, ça s’est super bien passé. C’est un super défenseur, on sent qu’il a la hargne et que c’est un défenseur dans l’âme. C’est un super tacleur. En plus, il est assez rapide. Cette année, il fait une bonne saison. Je pense aussi qu’il faut qu’il gagne encore en expérience. 21 ans, c’est jeune pour un défenseur. Il en a déjà beaucoup vu qu’il a joué très tôt en Tunisie et même en sélection mais la L1 c’est autre chose. J’espère que, l’année prochaine, on pourra jouer tous les deux mais en L1. J’espère pouvoir m’imposer à ses cotés. Pourquoi pas avec la sélection après.

TF : Est-ce que vous avez été en contact avec d’autres clubs ? Transfert ou simple prêt ?

HB : L’année dernière, j’ai eu quelques contacts mais rien de concret car ils pensaient que j’étais en fin de contrat.

TF : Rudy Carlier deviendra t’il un très grand attaquant ?

HB : Oui je pense parce que c’est un grand buteur. C’est un joueur comme on en fait plus. Ce n’est pas qu’il va vite, mais que dès qu’il a la balle dans la surface, il va la mettre au fond. C’est un peu Trézégol.

TF : Quel est le club qui vous fait rêver ?

HB : Le Barça en Europe et le PSG en France car je suis parisien.

TF : Quel est, pour vous, le meilleur joueur au monde ?

HB : Je serais tenté de dire Ronaldinho parce que c’est le meilleur joueur. Je dirais aussi Xavi parce que j’adore Barcelone et ce joueur aussi. En tant que défenseur, je dirais toute la défense du Milan AC. Quand tu vois jouer toute cette défense, tu te dis qu’ils ne peuvent pas prendre de but et qu’ils sont trop forts.

TF : Un dernier mot pour les TFistes ?

HB : Inchallah qu’ils viendront m’acclamer au Stade de Radès et j’espère qu’ils vont toujours nous suivre, nous les jeunes. Cela nous fait plaisir.

Tunisie-Foot

Je suis un automate. Je sers notamment dans les migrations techniques du site Tunisie-Foot. Ne cherchez pas à me contacter, je ne sais pas répondre :-)

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