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[Exclu TF] : Interview d’Abdennour

Aymen Abdennour est certainement le joueur tunisien qui a le mieux réussi avec Hatem Trabelsi son passage en Europe avec en prime de grands matchs en Ligue des Champions. Il fait partie des onze de légende du club toulousain et a été classé en 2015 comme meilleur joueur de la LDC par Goal (3.83 étoiles) ex æquo avec Lionel Messi. Fraîchement arrivé au Qatar, Aymen Abdennour nous a gentiment livré ses premières impressions sur cette nouvelle expérience. L’occasion également de retracer son parcours jusque-là.

TF : Le prochain mondial se passera au Qatar, est-ce que ça a pesé dans ton choix de club ?

AA : En réalité je n’avais pas réfléchi à ça parce que le Mondial est encore loin. C’est sûr que n’importe quel joueur a envie de participer à une Coupe du Monde. Tout international aspire à ça. Le staff technique et administratif m’ont convaincu. J’ai signé ici en préférant Oum Salal sur d’autres propositions parce que le projet m’a plu. Et j’aimerais prolonger de deux ans pour faire de grandes choses avec mon club.

Je suis là pour donner le meilleur de moi-même, pour honorer la Tunisie.

Le 17 mars 2015 contre Arsenal portant le drapeau tunisien

TF : Comment s’est passée ton intégration avec Oum Salal ?

AA : Elle s’est très bien passée. C’était facile pour moi. J’ai acquis de l’expérience dans ce contexte en jouant pour 8 clubs différents dans ma carrière que sont l’Étoile Sportive du Sahel, le Werder de Brème, Toulouse, Monaco, Valence, Marseille, Kayserispor et maintenant Oum Salal. Je sais comment ça se passe et comment je m’adapte avec chaque nouveau club. Ça se passe super bien. J’ai fait mes matchs tranquillement et tout va bien.

TF : Aziz Ben Askar te considère comme le pilier de l’équipe. Comment prends-tu cette responsabilité ?

AA : Il n’y a pas que moi à qui on a confié cette responsabilité, nous sommes trois ou quatre joueurs comme cadres qui devons porter l’équipe. Nous sommes capables de faire quelque chose d’honorable cette saison. Nous travaillons dur lors des séances d’entrainement. Je suis vraiment content de l’équipe. L’état d’esprit est super à la fois sportivement, techniquement et administrativement. Je suis volontaire et espère être à la hauteur de la confiance qu’on m’accorde.

TF : Quelle est ton ambition avec Oum Salal ?

AA : L’ambition, c’est gagner chaque match que l’on joue. C’est de faire notre mieux pour arracher les trois points. C’est mouiller le maillot. 

TF : Les médias qataris ne tarissent pas d’éloges sur toi, quel est ton ressenti vis-à-vis de ça ?

AA : Ça fait toujours du bien de recevoir des éloges. Quand j’entends des choses positives à mon propos je les accueille avec plaisir. A contrario, quand j’entends des choses négatives, ça ne me fait qu’avancer, que travailler et me donne la rage et la gnaque. Je suis là pour donner le meilleur de moi-même, pour honorer la Tunisie. Pour donner une bonne image de notre pays et démontrer que les Tunisiens peuvent donner ce plus à l’étranger. C’est comme ce que j’ai pu faire avant en Champions League où ça s’est bien passé à la fois sur et en dehors du terrain. Je veux continuer cet état d’esprit. Ceux qui me congratulent ou qui me donnent confiance je les remercie et j’espère être à la hauteur de leurs attentes.

TF : Comment se passe la relation avec les autres tunisiens du Qatar ?

AA : Très, très bien. Je suis dans une excellente relation avec eux. Je les respecte tous. Ils sont vraiment très gentils. Nous nous voyons quand c’est possible. Je leur souhaite le meilleur dans leur carrière. Ce sont des frères pour moi.

TF : Le retour en force avec Oum Salal est-il dans un objectif de revenir en équipe nationale en vue du mondial prochain ?

AA : Je suis déjà revenu en sélection. J’ai participé au match face à la Libye. J’avais fait une passe décisive. Je devais aussi jouer face à la Guinée Équatoriale, mais je n’ai pas pu à cause de la blessure. Depuis, il y a eu un stage lors du confinement mais j’étais en Turquie et je ne pouvais pas venir. Maintenant il y a un stage, si on m’appelle je serai ravi. Si on ne m’appelle pas, je reste le premier supporter de l’équipe nationale en leur souhaitant le meilleur. Je suis dans une bonne relation avec le staff technique, les dirigeants de la sélection et même le président de la Fédération. Je suis disponible et s’ils ne m’appellent pas je leur dis qu’ils n’hésitent pas quand je suis en forme.

Le courant ne passe pas avec Nabil Maaloul.

TF : Taulier de la sélection nationale, l’arrivée de Nabil Maaloul t’a écarté du groupe et notamment du mondial 2018. Comment as-tu vécu ça ?

AA : Depuis qu’il a eu la chance d’être le sélectionneur de la Tunisie, je savais que le courant ne passe pas avec lui. Je savais donc déjà que je n’allais même pas faire un stage avec lui. Je n’étais donc pas déçu et n’ai rien ressenti. Le fait d’avoir joué dans des grands clubs en Europe, d’être élu dans le onze de légende à Toulouse, d’avoir été considéré parmi les meilleurs défenseurs avec Monaco, d’avoir joué l’Europa League et la Ligue des Champions et d’avoir de grandes ambitions pour la suite m’a permis de faire fi.

TF : Avec la nomination de Kebaïer, tu es revenu en sélection pour 2 matchs mais depuis plus rien. Quel est ton sentiment ?

AA : Je viens d’arriver à Oum Salal, peut être aussi que le staff technique a d’autres choix que je respecte beaucoup. Je suis quelqu’un de paisible. Si on m’appelle je viens avec un grand plaisir et si on ne m’appelle pas je le redis je serai toujours le premier supporter de l’équipe nationale. Hamdoullah, j’ai beaucoup joué en sélection et j’ai toujours envie d’y jouer.

Aymen Abdennour élu dans le 11 de légende du TFC par les supporters du club.

TF : En 2017, les Toulousains t’ont élu dans le onze de légende du club à l’occasion de leur 80e anniversaire. Au-delà de la fierté que tu peux ressentir comment as-tu accueilli cet honneur ?

AA : C’est une fierté pour moi et pour la Tunisie. C’est une grande chose pour moi que ça va me marquer toute ma vie. À chaque fois que j’y vais, j’ai un bon accueil des gens. Ils m’envoient les nouveaux maillots du TFC, les nouveaux équipements. Quand je vais au stade, je me sens en famille. Le TFC a même essayé de me recruter cet été mais on n’a pas atterri sur une solution, du coup j’ai préféré aller au Qatar. Je leur souhaite le meilleur et j’espère vraiment qu’ils reviennent en Ligue 1.

Je suis le joueur tunisien le plus cher de l’histoire.

Aymen Abdennour jubile avec Monaco en Ligue des Champions

TF : Le summum de ta carrière est probablement l’épopée en Ligue des Champions avec Monaco et notamment ton but face au Zenith pour qualifier l’ASM aux huitièmes de finale. Quel est ton meilleur souvenir ?

AA : Dans cette époque, les matchs avec Monaco. On a joué consécutivement deux fois la Ligue des Champions. On était deuxième du championnat derrière le PSG. C’est une fierté pour moi. Deux ans magnifiques. Je suis en plus parti à Valence avec une belle somme pour Monaco. Je suis le joueur tunisien le plus cher de l’histoire en étant vendu 26 millions d’euros. Je suis parti dans un très grand club espagnol qu’est Valence, troisième derrière le Réal et le Barça. J’ai passé deux ans avec 43 matchs dont la Ligue des Champions et l’Europa League. Ça s’est bien passé. On a battu Barcelone et Séville, fait match nul face au Réal de Madrid. J’ai certainement joué les plus grands matchs de ma vie avec Valence et Monaco.

TF : Justement avec Valence, et notamment face à Barcelone tu as reçu un vilain geste de Suarez mais tu lui as permis d’échapper à une lourde sanction. Quelle a été la réaction de Barcelone vis-à-vis de toi ?

AA : Non, c’était dans le foot. Il m’a blessé parce que le ballon était loin. Voilà c’est tout. Trois mois après, on a joué à Barcelone et on les a battus 2-1. C’était magnifique pour moi. C’est rare de trouver un joueur qui gagne face au Barça au Camp Nou. C’est un peu difficile et j’ai eu cette chance là de battre Messi chez lui. Ça n’arrive pas souvent.

À l’OM, les entrainements n’étaient pas à la hauteur.

TF : Tu es revenu en France à Marseille, dans un club avec des supporters exigeants et un entraineur pas en réussite, ce qui n’a pas facilité ta saison. Qu’en as-tu retenu ?

AA : L’OM est un club que je respecte beaucoup. J’ai passé deux saisons. Une où j’ai joué avec des fois des matchs biens et d’autres moins bien. J’adore le club, les supporters. Je suis venu en me blessant dès le premier match en restant out pendant deux mois. Après je n’étais pas prêt. Les entrainements entre parenthèse n’étaient pas à la hauteur. Ce n’était pas bien. Je n’étais pas vraiment heureux à Marseille. La deuxième saison je suis resté pour jouer mais il y avait des incidents que je n’ai pas envie d’évoquer. C’est de la cuisine interne.

TF : Tu es ensuite parti au Kayserispor où la saison a été difficile avec un différend sur le paiement de tes dus. Comment juges-tu ton expérience en Turquie ?

AA : Mes premiers sept mois j’étais titulaire indiscutable. Je ne suis jamais resté sur le banc avec eux. J’ai joué, je pense, 12 matchs. Après j’ai eu sept à huit mois sans paiement. Les premiers mois je n’ai rien dis et je les ai attendus. Ils m’emmenaient en bateau en disant la semaine prochaine ou le mois prochain on te payera. Je me suis lassé de la situation et des mensonges à répétition. Ils n’ont pas tenu leur promesse et engagements. Du coup en l’absence de crédibilité j’ai porté plainte auprès de la FIFA et je suis parti.

TF : Jeune, tu avais surpris par ta maturité et ton professionnalisme. Quels sont les conseils que tu peux donner aux jeunes joueurs locaux pour réussir leur carrière ?

AA : Je dis juste une phrase : pour réussir il faut travailler dur et patienter. Il faut être simple et être humble. Si on veut, on peut.

Qu’ils arrêtent de parler et qu’ils travaillent plutôt.

Face à Franck Ribéry avec le Werder de Brème le 23 janvier 2010

TF : Comment trouves-tu le football tunisien en ce moment, et que faut-il selon toi pour qu’il progresse ?

AA : Indéniablement l’infrastructure. Il faut qu’ils rénovent ces infrastructures. Qu’ils arrêtent de parler et qu’ils travaillent plutôt. Réduire la parlote à la TV et construire de nouveaux stades, de nouveaux centres d’entrainement. Acheter du matériel. Ils doivent aussi changer de mentalité.

TF : Selon toi, pourquoi les joueurs tunisiens ne réussissent généralement pas en Europe ?

AA : Parce que certains ne sont pas des joueurs travailleurs. Leur mentalité n’est pas à la hauteur. Ils réfléchissent à court terme. Parfois aussi, les joueurs n’ont pas la qualité et ne sont pas sérieux. Si tu es bon tu réussis en Europe.

TF : Que penses-tu d’Hamza Rafia ?

AA : Je le connais, il est jeune. Il faut qu’il travaille. Je lui souhaite de tout mon cœur de réussir. Il est à la Juve. Ce n’est pas n’importe qui qui signe à la Juventus. Il n’a pas encore joué des matchs avec eux mais inch’Allah il réussira à jouer. Je pense qu’il a un bon avenir. Inch’Allah Dieu soit avec lui. Il faut qu’il travaille de son côté. À 20 ans, rejoindre la Juve c’est vraiment bien.

TF : Dans quel club aimerais-tu finir ta carrière ?

AA : Je ne sais pas, c’est encore trop tôt pour moi.

TF : Un dernier mot pour les TFistes ?

AA : Inch’Allah la bonne santé, la réussite dans la vie et beaucoup de bonnes nouvelles du fond du cœur. Inch’Allah la Tunisie s’améliore dans tous les domaines et Tahia Tounes.

Majed

Passionné de football depuis mon jeune age, je suivais mes deux équipes favorites, l'Espérance Sportive de Zarzis et le Club Africain que j'ai découvert à l'époque des Lotfi Mhaissi, Hédi Bayari, Kamel Chebli et Lassaad Abdelli. J'ai réellement rejoint Internet en 1994 en étant à l'ENSAM pour ensuite gérer le forum du CA en 1996 puis plusieurs sites personnels dédiés au CA et à l'ESZ. J'ai fondé Tunisie-Foot.com en 1998 au travers d'un site traitant du football tunisien qui aura son nom de domaine et son serveur dédié en 2000.

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